[20/12/2007 11:49:58] SHANGHAI (AFP) En quête de placements rémunérateurs pour ses abondants capitaux, la Chine devrait profiter des turbulences des marchés financiers américains pour y investir, comme l’illustre sa décision d’apporter cinq milliards de dollars à Morgan Stanley. La banque américaine a annoncé mercredi que la toute nouvelle société d’investissement de l’Etat chinois, China Investment Corporation (CIC), allait l’aider à rétablir ses fonds propres, mis à mal par les énormes dépréciations d’actifs résultant de son exposition au marché des crédits hypothécaires à risques. Cet investissement pourrait à terme donner au fonds chinois jusqu’à 9,9% de Morgan Stanley. Il s’agit à ce jour du second investissement de CIC, après celui de trois milliards de dollars pour une participation minoritaire dans le fonds américain Blackstone. “Cela ne me surprendrait pas qu’il y ait d’autres investissements chinois dans des institutions financières américaines”, dit Paul Cavey, économiste de la Macquarie Bank, basé à Hong Kong. La marge de manoeuvre est grande pour l’une des premières économies de la planète, à la tête des premières réserves de change au monde, et qui ne représente pour le moment qu’un pour cent des investissements étrangers mondiaux, selon l’expert. “On pourrait s’attendre à ce que cela monte à au moins 5% si ce n’est plus”, souligne-t-il, ajoutant que “200 milliards par an pourraient facilement être investis, pas forcément en investissements directs, mais aussi en portefeuilles, indices, obligations”. Pour Zhang Ming, de l’Académie chinoise des sciences sociales, la crise aux Etats-Unis est une bonne occasion. “Le marché financier américain passe par des turbulences et la résistance aux fonds souverains du gouvernement américain diminue avec le besoin d’argent des organisations financières”, juge-t-il. C’est en fait le “meilleur moment” pour acquérir des actifs américains, à moindres coûts, explique-t-il. Certaines visées chinoises aux Etats-Unis ont, par le passé, rencontré une farouche opposition. Un exemple retentissant avait été le revers essuyé par la compagnie pétrolière publique China National Offshore Oil Corporation en 2005 lors de sa tentative de rachat d’Unocal. Dès avant sa création, la stratégie de CIC a soulevé des interrogations. Même si le fonds a toujours assuré qu’il investirait selon des principes commerciaux, principalement dans des portefeuilles financiers, de façon prudente et progressive, en se tenant à l’écart de secteurs sensibles comme les matières premières. Mais M. Cavey a quelques doutes. “CIC pourrait vraisemblablement acheter dans des domaines comme l’énergie et les ressources naturelles”, estime-t-il. “Que cela vienne de CIC ou d’autres sociétés, les montants d’argent venant de Chine vont augmenter énormément dans les cinq ans. Je ne suis pas sûr que le reste du monde y soit préparé”, poursuit l’économiste. |
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