Une taxe de 2% sur le poisson avant le plan pêche du gouvernement en janvier

 
 
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Un étalage de dorades roses, à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[20/12/2007 18:29:51] PARIS (AFP) Le Parlement a adopté jeudi une taxe de 2%, payée par les distributeurs sur la vente des poissons et destinée à soutenir la pêche face à l’augmentation du prix du gazole, soulevant les protestations de la grande distribution en attendant la présentation en janvier du plan de soutien aux pêcheurs du gouvernement.

Le ministre de la pêche Michel Barnier a salué cette mesure et promis jeudi de détailler avant fin janvier son plan pour la pêche française, à l’issue d’une réunion avec les représentants des marins-pêcheurs.

“Cette taxe va rapporter 80 millions d’euros au budget de l’Etat en 2008”, a déclaré M. Barnier lors d’un point-presse après une rencontre avec le président du comité national des pêches, Pierre-George Dachicourt, et le porte-parole du comité de crise des pêcheurs du Guilvinec (Finistère), Philippe Le Moigne.

Députés et sénateurs se sont mis d’accord sur la création, à partir du 1er janvier 2008, d’une “taxe poisson”, destinée à alimenter le plan en faveur de la pêche.

Cette taxe de 2% sera perçue sur le prix de vente au détail des “poissons, crustacés, mollusques et autres invertébrés marins”, alors que le projet de loi prévoyait une taxe de 2,6% portant sur la première livraison des marins-pêcheurs aux mareyeurs.

En seront exclues les petites poissonneries dont le chiffre d’affaires est inférieur à 760.000 euros, ce qui a déclenché la colère de la grande distribution.

“Cette taxe à la consommation est un mauvais coup pour le pouvoir d’achat des Français”, dénonce la Fédération du commerce et de la distibution (FCD), dans un communiqué.

“Nous sommes prêts à aller à Bruxelles pour obtenir l’annulation de cette taxe car il s’agit d’une quasi-TVA sur les poissons et donc d’une distorsion de concurrence avec les autres pays”, a déclaré à l’AFP Jérôme Bédier, président de la FCD.

“Au moment où il y a un besoin de pouvoir d’achat, le système de taxe va véritablement à l’encontre des objectif fixés”, ajoute M. Bédier.

Les marins-pêcheurs, à qui M. Barnier avait affirmé le 7 novembre qu’une mesure législative serait prise “avant la fin de l’année” pour l’établissement d’un “mécanisme durable” afin de compenser la hausse du gazole, sont pour le moment dans l’expectative.

“Nous allons réunir samedi au Guilvinec les responsables des comités de crise. Puis le samedi 29 décembre une assemblée générale des pêcheurs dans le Finistère ou dans tous les ports français”, a déclaré à l’AFP M. Le Moigne.

Dans un courrier à M. Barnier lundi, le comité de crise du Guilvinec pressait le gouvernement “de rendre la copie”, en évoquant “l’attente et les inquiétudes qui se font de plus en plus pressantes sur les quais”.

“Dans le cas où rien ne serait mis en place, les bateaux ne repartiront pas en début d’année et la situation deviendra difficile à contrôler”, poursuivait M. Le Moigne.

Les marins-pêcheurs du Guilvinec ont été à l’origine du mouvement de protestation contre l’envolée des prix du gazole qui s’est étendu début novembre à de nombreux ports français.

Le président Nicolas Sarkozy avait alors proposé “l’exonération totale des cotisations patronales et salariales pour une durée de six mois renouvelable”, l’élaboration d’un “mécanisme durable qui intègre le coût du gazole dans le prix du poisson vendu à l’étal” et un “plan de sauvegarde” pour moderniser les moteurs des bateaux de pêche “afin de réduire leur consommation en gazole”.

Les pêcheurs professionnels, qui ne paient pas de taxes sur le gazole, déboursent actuellement environ 54 centimes par litre, mais ils estiment que le seuil de rentabilité d’un bateau n’est atteint qu’avec un gazole inférieur à 0,30 euro le litre.

 20/12/2007 18:29:51 – © 2007 AFP