La BCE continue ses opérations de drainage sur le marché monétaire

 
 
CPS.HUN98.211207135244.photo00.quicklook.default-245x168.jpg
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort, le 6 juin 2007 (Photo : Martin Oeser)

[21/12/2007 12:55:00] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne a continué vendredi à éponger des excès de liquidités sur le circuit monétaire, sa troisième grande opération de drainage depuis qu’elle a déversé mardi un montant record d’argent bon marché pour soulager les tensions du marché.

Vendredi, la BCE a retiré 141,56 milliards d’euros via un appel d’offres rapide sur six jours au taux fixe de 4%, selon un communiqué de l’institut destiné aux marchés financiers. 55 banques ont participé.

La veille, elle avait déjà réduit le niveau des liquidité de 150 millirads d’euros via une opération similaire sur un jour, et mercredi de plus de 133 milliards.

L’objectif vise une fois de plus à permettre aux taux d’intérêt à très court terme sur le marché monétaire de “s’aligner” sur le taux minimum de la zone euro, actuellement à 4%.

Le taux interbancaire de référence Euribor à une semaine a regrimpé à 4,548% au fixing de vendredi, après 4,018% la veille, un bond révélateur d’une nervosité persistante des banques qui craignent de ne pas avoir assez de liquidités pour boucler leurs livres de comptes à la fin de l’année.

“C’est à l’évidence lié aux pressions de fin d’année (sur le front) des liquidités”, a réagi Jonathan Loynes, chef économiste de Capital Economics à Londres.

“Nous avions vu cela dans les taux à deux semaines il y a deux semaines et dans le taux à un mois il y a trois semaines, donc ce n’est pas une réelle surprise”, a-t-il expliqué.

Le taux à deux semaines continuait d’ailleurs de son côté à se détendre, à 4,501% vendredi contre 4,530% jeudi, et celui à échéance un mois affichait 4,476% (contre 4,523%).

Mardi, la BCE avait mis à la disposition des banques un montant record de près de 350 milliards d’euros à un taux très avantageux de 4,21%. L’injection massive avait fonctionné et les taux s’étaient très nettement détendus, mais un peu trop au goût de la BCE, qui craint de générer des tensions inflationnistes via ses injections massives et tente donc de “piloter les liquidités vers des conditions plus équilibrées”, rappelle-t-elle dans son communiqué.

La banque centrale avait décidé d’être particulièrement généreuse pour soulager des marchés toujours volatiles. Les institutions financières, échaudées par la crise du “subprime” aux Etats-Unis, rechignent à se prêter entre elles, ce qui conduit à une raréfaction du crédit. Elles sont particulièrement nerveuses actuellement à l’approche du bouclage des comptes.

Depuis l’éclatement de la crise des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis, qui avait provoqué un plongeon des marchés financiers en août, la BCE a choisi de soutenir activement le circuit bancaire en injectant massivement du cash.

La semaine dernière, elle a aussi annoncé sa participation à une vaste action concertée d’aide aux marchés avec la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque du Canada et la Banque nationale suisse (BNS).

Ces opérations de replâtrage ont jusqu’ici soulagé le marché, mais pas de façon durable. “Nous ne prétendons pas guérir” le marché de ses maux, qui viennent “de l’extérieur”, a récemment admis le président de la BCE Jean-Claude Trichet.

Même si la volatilité des marchés est appelée à durer encore plusieurs mois, économistes et banquiers centraux estiment que la situation pourrait s’améliorer quand les banques publieront leur bilan de l’année écoulée, au début de 2008. Cela permettra d’avoir une idée précise des dégâts et aura le mérite d’apporter un peu de clarté dans l’ampleur de la crise du “subprime”.

 21/12/2007 12:55:00 – © 2007 AFP