[21/12/2007 19:22:06] PARIS (AFP) Gaz de France a lancé vendredi un programme de rachat d’actions d’environ un milliard d’euros, dénoncé comme un “scandale financier” par les syndicats au moment où les tarifs du gaz vont augmenter de près de 6%. Cette opération viserait, selon les syndicats et des analystes, à réduire l’écart de valorisation en Bourse entre le groupe public GDF et le groupe privé Suez, qui n’a cessé de s’accroître depuis l’annonce début septembre du nouveau projet de fusion, qui doit intervenir au premier semestre 2008. L’action de GDF a d’ailleurs bondi en Bourse vendredi, sans parvenir toutefois à beaucoup réduire l’écart avec Suez, qui était en clôture de 6,54 euros, contre 5 début septembre. L’action GDF a terminé en hausse de 3,78%, à 40,36 euros, et celle de Suez de 1,60%, à 46,90 euros. GDF entend débourser environ 1 milliard d’euros pour racheter jusqu’à 24,5 millions d’actions, sur 984 millions, soit 2,5% du capital, d’ici le 23 novembre 2008, a précisé le groupe dans un communiqué. Ce rachat d’actions avait été approuvé lors d’une assemblée générale du groupe en mai “dans la limite de 5%” du capital, à un prix maximal de 50 euros par action. Interrogé, GDF a expliqué qu’il s’agissait de “redonner de l’argent aux actionnaires”. Quand une entreprise rachète ses propres actions, elle diminue le nombre de titres sur le marché et augmente donc la valeur de chaque action. Les bénéficiaires de cette opération seront les actionnaires privés de GDF, car le groupe va racheter des actions qui sont sur le marché, détenues par des investisseurs, et non la part de l’Etat. L’Etat, qui détient actuellement 79,8% (et non 80,2% comme indiqué depuis plusieurs semaines par GDF), va augmenter mécaniquement sa part dans le capital du groupe public. Au terme du programme, il en détiendrait 81,8%, selon les calculs de l’AFP. Selon GDF, l’opération n’est pas liée à la différence de valorisation entre GDF et Suez. Mais plusieurs analystes et les fédérations syndicales FO et CGT affirmaient vendredi qu’il s’agissait “de réduire l’écart” de valeur boursière entre les deux groupes. Un analyste a estimé que cette différence “valorisait Suez Environnement de manière trop élevée”. Le nouveau schéma de fusion présenté par GDF et Suez le 3 septembre prévoit en effet la mise en Bourse de la branche environnement (eau, déchets) de Suez pour compenser cet écart de valorisation, étant donné que la fusion se fera à quasi égalité (une action Suez contre 0,9545 action GDF). Plus Suez Environnement est valorisé en Bourse, plus les actionnaires de Suez sont dédommagés de cet écart. Selon les analystes d’UBS, cette annonce est aussi “peut-être un moyen de compenser” auprès des investisseurs “une éventuelle mauvaise nouvelle sur les tarifs” réglementés (fixés par l’Etat), “notamment si le groupe n’obtient pas du gouvernement le droit d’augmenter ses tarifs de +6% comme il le réclame”. Selon la ministre de l’Economie Christine Lagarde, l’augmentation sera inférieure à 6%. Les fédérations syndicales CGT et FO de l’énergie ont qualifié ce rachat d’actions de “scandale financier”. “Si GDF a un milliard d’euros à dépenser pour racheter ses actions, c’est qu’il n’a pas besoin d’une augmentation des prix du gaz”, a jugé FO. Selon la CGT, “le gouvernement tente de soutenir le cours de Bourse de GDF par tous les moyens”, alors que l’écart de valorisation avec Suez représente selon lui un “coût supplémentaire de 2,5 milliards d’euros”. |
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