La consommation en France pâtit de l’inquiétude des ménages

 
 
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Courses dans un supermarché (Photo : Mychèle Daniau)

[22/12/2007 10:24:02] PARIS (AFP) La consommation des ménages a encore baissé en novembre, pour le troisième mois consécutif, signe pour certains économistes d’une inquiétude croissante des Français pour leur pouvoir d’achat nourrie notamment par la poussée d’inflation et le durcissement du crédit.

“Cela se confirme: la morosité qui a atteint les ménages affecte désormais leurs comportements de consommation”, estime ainsi Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.

La baisse de la consommation en produits manufacturés, qui représente environ un quart de la consommation totale des ménages, constitue un bon indicateur de la tendance globale.

Certes, elle est minime (-0,1%), et est sans doute liée à la grève dans les transports. Mais elle intervient après un mauvais mois d’octobre (-1,0%), et un recul de la consommation trois mois d’affilée n’avait pas été observé depuis 1996.

Un phénomène révélateur de la baisse de confiance des consommateurs et de très mauvais augure pour la croissance en France, estiment plusieurs économistes.

“Les raisons de ce repli de la consommation sont essentiellement à rechercher du côté du moral des ménages”, explique M. Bouzou. “Le retour de l’inflation (2,4% en novembre) est très mal vécu par les Français, lesquels ont en outre le sentiment que les mesures prises par le gouvernement ne pourront pas contrarier le mouvement de hausse des prix. Ils adoptent donc des comportements plus précautionneux que par le passé”, ajoute-t-il.

L’Institut national de la statistique estime dans sa récente note de conjoncture que l’inflation, alimentée par la hausse de l’énergie et des produits alimentaires, se maintiendra à son niveau actuel à la mi-2008 après un pic à 2,8% en février prochain.

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Un rayon ameublement dans un magasin à Paris. (Photo : Jack Guez)

Une inflation que l’on retrouve dans les prix à la production dans l’industrie, également publiés vendredi par l’Insee, et qui font état d’une hausse de 0,8% en novembre, dont l’envolée de l’énergie et de l’agroalimentaire est l’unique responsable.

“D’autre part, le crédit à la consommation est en nette perte de vitesse et la configuration actuelle des marchés financiers n’augure rien de bon au niveau des taux. Enfin, le retournement du marché immobilier est désormais acté. C’est inquiétant, surtout pour les achats de biens d’équipement du foyer”, renchérit Alexander Law, économiste en chef chez Xerfi.

Après un ralentissement à la fin de cette année, l’Insee prévoit quant à lui que la consommation conserve un rythme annuel proche de +2,5% au premier semestre 2008, grâce notamment à l’épargne. “Le taux d’épargne avait beaucoup progressé, les ménages devraient le réduire pour continuer à consommer”, explique Pierre-Olivier Beffy, chef de la division conjoncturelle à l’institut.

Mais pour Mathieu Kaiser, économistre chez BNP Paribas, tout semble bel et bien jouer contre la consommation, y compris l’augmentation prochaine de la rémunération du Livret A qui “encouragera encore un peu plus les ménages à épargner”.

“Plus que jamais le signal d’alarme doit être aujourd’hui tiré sur la croissance française. Faut-il rappeler que depuis six ans, les dépenses des ménages représentent entre 60% et 100% de la hausse du PIB en France? En d’autres termes, si l’économie française perd le soutien de cette composante, c’est tout le moteur de la croissance qui sera très sévèrement grippé”, s’alarme Alexander Law.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a estimé vendredi qu’une croissance de 2,25% en France en 2008, l’objectif retenu par le gouvernement, serait “difficile à atteindre”.

 22/12/2007 10:24:02 – © 2007 AFP