En plein “subprime”, le PDG de Goldman Sachs touche un bonus 2007 record

 
 
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Lloyd C. Blankfein, le 26 janvier 2007 à Davos (Photo : Pierre Verdy)

[23/12/2007 11:41:14] NEW YORK (AFP) Le PDG de Goldman Sachs a touché un bonus de fin d’année de près de 68 millions de dollars, un record à Wall Street, qui frappe d’autant plus que les rivales de la banque américaine peinent à se dépêtrer de la crise des crédits hypothécaires à risques.

Lloyd Blankfein, 53 ans, a reçu 26,8 millions de dollars en numéraire et 41,1 millions en actions et autres compensations, selon des informations transmises par Goldman Sachs au régulateur boursier, la SEC.

Cette traditionnelle prime de fin d’anée à Wall Street s’ajoute au salaire annuel du PDG, qui atteint les 600.000 dollars.

Cette récompense survient alors que Goldman Sachs a fait état cette semaine de résultats records pour 2007, année qui s’annonce pourtant noire pour le reste du secteur bancaire américain. Les pertes du secteur liées à la crise des crédits hypothécaires à risques (“subprime loans”) atteignent en effet 100 à 130 milliards de dollars, selon les analystes de Deutsche Bank.

Dans ce contexte, Goldman Sachs a affiché un bond de 22% de son bénéfice net, à 11,6 milliards de dollars, pour son exercice 2007 (clos fin novembre). La banque a aussi souligné sa très faible exposition aux placements liés aux “subprime loans”: 400 millions de dollars.

Le bonus de M. Blankfein est un record absolu pour Wall Street, et frappe d’autant plus que plusieurs établissement financiers, asséchés par les milliards de dollars de pertes accusées dans les placements obligataires liés au crédits hypothécaires à risques, ont eux carrément coupé à la tradition des bonus cette année.

Notamment, les PDG de Morgan Stanley et de Bear Stearns ont pris acte des pertes plus lourdes que prévu de leurs groupes en ne percevant pas les compensations de fin d’année. Ces patrons n’ont empoché “que” leurs salaires annuels, de respectivement 800.000 et 250.000 dollars.

Ces deux banques ont également publié leurs résultats cette semaine, et l’annonce que les PDG étaient “privés” de bonus a d’ailleurs été perçue par plusieurs analystes comme une piètre compensation pour les mauvaises performances financières.

Morgan Stanley, l’un des principaux établissements de la finance new-yorkaise, a dû passer une écriture de dépréciation d’actifs d’une somme colossale (9,4 milliards de dollars) à cause de sa trop grande exposition aux “subprime”, et ce sur le seul quatrième trimestre. Elle a vu son bénéfice annuel fondre de plus de moitié. Quant à Bear Stearns, le groupe a publié la première perte nette de son histoire.

D’autres établissements de Wall Street ont eu beaucoup moins d’états d’âme avec leurs PDG, alors que tous ces groupes ont chèrement payé le prix d’une trop grande gourmandise pour les produits financiers à risques adossés à des “subprime”, présentant en théorie de hauts rendements, c’est-à-dire des plus-values d’autant plus élevées que le risque est important.

Stan O’Neal, PDG de Merrill Lynch, a été poussé vers la sortie après des résultats désastreux au troisième trimestre, dont des dépréciations d’actifs de 8 milliards de dollars à cause d’une trop forte exposition aux “subprime”, un montant record pour la banque.

Une semaine après l’éviction de M. O’Neal, Citigroup, premier établissement bancaire américain, annonçait le départ de son PDG Charles Prince au titre des pertes massives associées aux “subprime”, qui pourraient aller jusqu’à 14 milliards de dollars pour le deuxième semestre..

Face à la débâcle du secteur, Goldman Sachs fait même partie des acteurs qui ont fait de bonnes affaires avec la crise.

Selon la presse américaine, Goldman Sachs a gagné gros en misant son propre argent sur la dépréciation à venir des obligations adossées à des créances hypothécaires à risques, tout en plaçant encore l’argent de ses clients dans ce genre de produits.

 23/12/2007 11:41:14 – © 2007 AFP