La
tendance est perceptible : les services bancaires sur téléphone portable se
multiplient un peu partout en Afrique subsaharienne.
En effet,
selon les explications de Laurent Fajnkuchen, du Courrier de la Monétique,
on est loin du phénomène observé au Japon, ‘’mais sur le continent africain,
les expériences et lancements commerciaux de services de paiement associés
au téléphone portable se multiplient’’. Pour étayer ses dires, il prend
l’exemple de quelques pays. D’abord le Nigeria où avec «Chezola Pay» on peut
effectuer un transfert et la réception d’argent, les paiements de factures…
avec un compte rechargeable par carte prépayée. Ensuite, au Kenya, le M-Pesa
(«argent» en swahilli), lancé par l’opérateur Safaricom (détenu à 50% par
l’anglais Vodafone), est un service de paiement par SMS qui permet des
transferts d’argent (jusqu’à 400 dollars) de personne à personne (peer to
peer). ‘’Mieux, le service est désormais étendu à l’Angleterre via une
nouvelle offre proposée par Vodafone et son partenaire, le groupe financier
Citigroup. Il permet désormais de réaliser des transferts transfrontaliers
d’une valeur variant de 100 à 35.000 shillings par transaction entre la
Grande-Bretagne et le Kenya’’, précise Fajnkuchen. Son succès est tel que
plus de 10.000 personnes se seraient déjà inscrites quelques jours seulement
après l’annonce de la création du service en mars dernier.
Bien
entendu, d’’autres pays, comme l’Afrique du Sud (où plus de 70% de la
population possèdent une téléphone portable), le Cameroun, le
Congo-Brazzaville, etc. ne sont pas en reste. D’ailleurs, en Afrique du Sud,
on estime qu’environ trois millions de personnes auraient utilisé l’an
dernier, quotidiennement, leur mobile pour accéder à des services bancaires,
engendrant plusieurs centaines de millions de rands, selon Len Pienaar,
directeur des Solutions Mobiles à la First National Bank.
Mais plus
surprenant encore, c’est la Zambie, où l’équivalent de 2% du PNB du pays
transiterait par la solution de paiement local CelPlay.
Donc, on
peut dire que, ‘’quelque chose malheur est bon’’, car avec tous les
lancements qui se succèdent, l’Afrique pourrait bien être le continent qui
détient le record de services bancaires sur téléphone portable.
Par
ailleurs, Laurent Fajnkuchen souligne que ‘’le pays du Soleil Levant est
l’exemple qui vient immédiatement aux lèvres quand on en vient à aborder le
sujet du paiement par téléphone portable. Là-bas, par la volonté du tout
puissant NTT DoCoMo, premier opérateur téléphonique national, les services
bancaires et commerciaux via le mobile se sont multipliés : porte-monnaie
électronique, carte de crédit, coupons de fidélité…, tout est désormais
disponible sur ce petit appareil de poche qui, jusqu’à il n’y a pas si
longtemps, ne servait qu’à téléphoner’’.
Toutefois,
en la matière, le Japon n’est plus le seul aux avant-postes, et ce même s’il
ne s’agit pas des mêmes considérations pour l’Afrique. Ainsi, ‘’dans des
zones souvent sous ou peu bancarisées, un impératif s’imposait aux acteurs
économiques locaux : trouver des solutions alternatives innovantes au
paiement en espèces. La progression constante du marché africain de la
téléphonie mobile aura servi de catalyseur’’.
Et un
chiffre éloquent : l’Afrique compte désormais plus de 120 millions
d’utilisateurs et croît en moyenne de 65% tous les ans depuis 2003. Tous les
grands constructeurs, comme Nokia, Siemens…, semblent avoir des divisions
africaines. De quoi autoriser bien des espoirs. Du coup, l’évidence s’est
imposée. Le m-paiement (paiement mobile) se présente bien comme une solution
pour les économies africaines.
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