Alors que les nouvelles mesures
relatives au marché de change ne sont certainement pas sans importance, nous
avons peut-être le devoir de nous interroger si nous ne sommes pas en retard
d’une case. Pourquoi ? Simplement parce que ce qui est actuellement à
l’ordre du jour ce sont les pratiques des 3 huit, les particuliers qui
entrent sur le marché des changes !
Le Gardien du Temple a souligné, il y a deux jours, que la Tunisie persiste
et signe dans son intention de développer le marché de change, consolider
l’ouverture du secteur bancaire sur les marchés financiers internationaux et
renforcer le positionnement de la Tunisie en tant que place financière
régionale.
Il a expliqué, dans le détail, que les banques seraient désormais habilitées
à gérer 20% de leurs avoirs en devises sur les marchés mondiaux,
bénéficieraient de l’annulation de l’obligation du nivellement, auraient la
délégation de la cotation des options de change… Le tout sur un arrière-fond
de processus de libéralisation financière extérieure (convertibilité totale
du dinar).
Ceci étant dit, rappelons que le marché des changes, sur lequel les devises
sont échangées l’une contre l’autre à des taux de change qui varient sans
cesse et qui est essentiellement interbancaire. Et, pour donner une idée de
la liquidité en circulation sur ce marché, il faut savoir que le volume
quotidien des échanges était, en 2004, de 1.900 milliards de dollars US,
quasi-uniquement en transactions de gré à gré, selon l’étude triennale de la
Banque des règlements internationaux (BRI, ou Bank of International
Settlements).
Pour en tirer parti, chaque banque importante dispose de cambistes qui font
les 3 huit ; c’est-à-dire qu’ils prennent la relève les uns sur les autres
pour garder le contact avec le marché la totalité des 24 heures que compte
la journée, généralement à des emplacements différents (par exemple, une
équipe en Asie, une en Europe et une autre située en Amérique du Nord). Et
il faut se poser la question : où en sommes-nous ?
Ce qui est également important à noter, c’est que dans sa dernière étude
triennale, la BRI a montré qu’un nombre croissant de particuliers
choisissent d’investir sur le marché international des changes et, bien
qu’ils représentent encore une très faible minorité des transactions et des
volumes, un marché dédié aux investisseurs privés s’est développé en
parallèle. Il suffit de constater le nombre de plateformes de trading mises
à leur disposition sur internet ainsi que les outils d’information en temps
réel jadis réservés aux traders professionnels dans les salles de marché. Et
il faut également se poser la question : aurons-nous assez de souplesse pour
développer ce nouveau créneau ?
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