Le
président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, M. Mounir
Mouakhar, nous nous a entretenus, dans l’interview ci-dessous, de la
participation tunisienne à l’Assemblée Générale des Chambres Consulaires
Africaines et Francophones, qui vient de se tenir dans la capitale malienne,
mais surtout comment la Tunisie est perçue par les Africains du Sud du
Sahara, et comment les opérateurs tunisiens pourraient se positionner
davantage sur les marchés africains. Comme vous allez le remarquer, le
président de la CCIT a des réponses qui relèvent plutôt de l’économie
politique, autrement dit bien dans l’air du temps. Lisez pour en comprendre
la substance !
Webmanagercenter :
Vous avez, dernièrement, pris part à l’Assemblée Générale des Chambres
Consulaires Africaines et Francophones, qui s’est tenue à Bamako au Mali.
Quelle a été la contribution de la Tunisie, particulièrement la Chambre de
commerce et d’industrie de Tunis?
Mounir Mouakhar :
La Chambre de Commerce et d’Industrie de Tunis a toujours été au rendez-vous
des grandes manifestations économiques internationales et régionales. Aussi
l’Assemblée Générale de la Conférence Permanente des Chambres de Commerce
Africaines et Francophones a été une nouvelle occasion pour mettre en valeur
les acquis de la Tunisie et promouvoir son image de marque en tant que pays
émergent et partisan du développement durable et intégral.
De
plus, depuis deux décennies et grâce aux différentes initiatives de Son
Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali, les relations
tuniso-africaines ont connu une nette progression dans tous les secteurs
d’activité. En effet, la
Tunisie s’est activée à consolider et élargir ses
relations bilatérales avec les différents pays africains, dans le cadre d’un
plan cohérent prenant en considération le principe de solidarité et les
intérêts mutuels des pays de la Région.
Cette 33ème Assemblée Générale a vu
également l’adhésion, approuvée à l’unanimité, de la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Tunis à la CPCCAF.
Cette participation à l’AG de la CPCCAF a permis,
par ailleurs, à la CCI de Tunis de nouer des contacts avec de hauts
responsables des CCI de Paris, de Marseille-Provence, du Québec, de Rabat,
de Dakar, de Mauritanie, du Congo, du Burkina Faso et d’Abidjan. Un
Protocole d’Accord de coopération a même été signé avec la CCI du Mali en
présence de M. Farhat Chéour, ambassadeur de Tunisie à Bamako et de M.
Lamine Niang, président de la CPCCAF et président de la CCI de Dakar.
Quel rôle jouent les
Chambres consulaires africaines et francophones?
Créée en 1973 à l’initiative des présidents
Pompidou, Houphouët-Boigny et Senghor, la CPCCAF est
le réseau de
coopération et d’appui aux Chambres de Commerce pour le développement et la
structuration du secteur privé en Afrique.
Ce
réseau se veut un promoteur très actif du développement des activités des
entreprises africaines et un bon catalyseur de l’investissement privé,
contribuant ainsi concrètement à la réalisation des objectifs pour le
développement et cela grâce à une coopération solide entre les différentes
Chambres adhérentes.
Dans ce contexte, notre adhésion à la CPCCAF traduit
la volonté des organismes du Nord et du Sud de s’inscrire dans une démarche
de coopération innovante et structurée permettant aux entreprises
tunisiennes et africaines de devenir plus actives et faisant profiter les
opérateurs économiques des transferts de compétence Nord-Sud mais aussi
Sud-Sud.
Vous qui êtes en
contact permanent avec la réalité économique de certains pays africains,
leurs besoins, comment impliquer davantage les opérateurs tunisiens sur ces
marchés (sachant que les Marocains et les Algériens sont déjà très nombreux
sur certains marchés en Afrique subsaharienne)?
Forte d’une politique clairvoyante basée sur le
respect mutuel avec l’ensemble des pays africains, la Tunisie et son
Président, Zine El Abidine Ben Ali, jouissent d’une grande notoriété grâce
aux succès politiques et de réussites économiques. La Tunisie, il faut le
dire, est devenue une source d’inspiration pour grand nombre de responsables
africains tant du secteur public que privé.
Je tiens aussi à signaler le rôle important de la
diplomatie tunisienne pour faciliter les missions des hommes d’affaires en
les aidant à mieux conforter leur position sur le marché africain dans des
domaines porteurs tels que les services, le tourisme, les TIC, les travaux
publics, la santé, le transport, la coopération technique, etc. Je profite
donc de cette occasion pour remercier M. Farhat Chéour, notre Ambassadeur à
Bamako, pour les efforts qu’il ne cesse de déployer pour le rapprochement
entre les deux pays. Je voudrais également remercier l’Union tunisienne de
l’industrie du commerce et de l’artisanat et à sa tête M. Hédi Djilani pour
les efforts déployés en vue de soutenir les entreprises tunisiennes dans
leur démarche d’approche du marché africain.
Comme je l’ai dit auparavant, la CCI de Tunis
veillera sans cesse à tisser des liens de coopération avec les CCI membres
de la CPCCAF et cela en vue de promouvoir l’économie tunisienne, faire
connaître davantage nos succès tant économiques que politiques et faciliter
à nos entreprises l’accès au marché africain.
Dans cette même optique, le ministère du Commerce et
de l’Artisanat entreprend plusieurs actions qui visent à renforcer le cadre
juridique régissant les relations commerciales, l’intensification des
échanges, la mise en place des mécanismes nécessaires à prospecter de
nouveaux marchés africains. Notre ministère de tutelle encourage
l’organisation de missions d’hommes d’affaires, appuie les entreprises
tunisiennes opérant en Afrique et œuvre à accroître le volume des
exportations tunisiennes vers cette Région afin de mettre à profit le
potentiel existant dans les secteurs des biens et des services.
En tant qu’observateur
des échanges extérieurs de la Tunisie, comment voyez-vous les perspectives
d’évolution des échanges, en particulier, et des relations économiques, en
général, entre la Tunisie et l’Afrique subsaharienne?
Les relations et les échanges économiques avec les
pays subsahariens sont appelés à se développer grâce, entre autres, aux 16
accords commerciaux signés entre la Tunisie et les pays africains suivants :
le Mali, la Côté d’Ivoire, le Cameroun, le Tchad, le Bénin, l’Ethiopie, le
Djibouti, le Gabon, la Gambie, le Libéria, la Namibie, le Nigéria, l’Afrique
du Sud, le Zimbabwe, le Togo et le Mozambique. Notre pays a également signé
l’Accord d’Abuja et a adhéré à la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens
CENSAD. La Tunisie est aussi en négociation avec l’Union économique et
monétaire ouest-africaine ‘’UEMOA’’ en vue de la signature d’accords
multilatéraux.
Si vous aviez un
conseil à donner aux hommes d’affaires et autres chefs d’entreprise
tunisiens, que leur diriez-vous à propos des perspectives économiques de
l’Afrique subsaharienne ?
Les marchés africains en général et ceux de la
région subsaharienne en particulier ne présentent plus de grandes barrières
à l’entrée et leurs richesses et diversités ne sont plus un secret pour
personne. De plus et grâce à un cadre politique et institutionnel favorable,
une industrie et des entreprises performantes et compétitives, je n’ai aucun
doute que la Tunisie saura relever davantage de défis et accroîtra davantage
sa présence sur l’ensemble du continent africain.