[27/12/2007 11:49:49] MADRID (AFP) Ventes en berne, prix hésitants, promoteurs et agences à la peine, l’immobilier espagnol n’a pas atterri en douceur en 2007 comme le gouvernement et les observateurs voulaient le croire au début de l’année, mais bien plus brutalement. Certains sont alarmistes et parlent de crise, d’autres sont apaisants, mais tous s’accordent pour dire que la situation s’est dégradée en 2007. Le sujet est d’autant plus brûlant que le secteur du logement contribue à 7,5% du PIB (selon la banque BBVA), et que la construction dans son ensemble emploie près de 13% des travailleurs (selon le ministère de l’Industrie). Le tout à trois mois des élections législatives auxquelles le chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero espère obtenir un deuxième mandat. “Il y a une crise sur le secteur du marché résidentiel espagnol”, a déclaré récemment Jesus Garcia de Ponga, directeur général de Metrovacesa, un des premiers groupes immobiliers espagnols, qui a signé en 2007 45% de préventes en moins qu’en 2006. Les promoteurs, dont certains sont en plus affectés par le manque de liquidités à cause de la crise des +subprimes+, tirent la sonnette d’alarme. Le G14, un de leur lobby, affirme que 400.000 emplois seront détruits d’ici deux ans à cause du ralentissement de la construction. Les services d’études de la banque BBVA sont plus rassurants. “Il y a trop de catastrophisme lorsque l’on parle de ces sujets”, selon leur patron, José Luis Escriva. BBVA continue de parler d’un “atterrissage en douceur”, et prévoit tout de même 250.000 emplois de moins d’ici 2009. Mais une chose est sûre, les ventes sont de plus en plus rares. La chambre d’enregistrement des transactions immobilières a publié début décembre le chiffre des transactions jusqu’à fin octobre. Elles sont en baisse de 12%. Et tout au long de l’année, l’ampleur s’est accrue: -8,9% au premier trimestre, -11,5% au deuxième, -16% au troisième… Les ventes toussent, et les prix aussi marquent le pas. Une récente étude de la Deutsche Bank prévoit que 2007 s’achèvera sur une hausse moyenne des prix identique à celle de l’inflation (elle était d’environ 4% sur douze mois à la fin novembre). Ce chiffre est bien inférieur aux hausses de ces dernières années: 9,1% en 2006, 12,6% en 2005, et largement plus de 150% au cours de la période 1996-2006. Pour 2008, l’établissement prédit une baisse des prix de 2 à 8%. Pointée du doigt: la Banque centrale européenne et sa politique de resserrement monétaire, qui étranglerait à petit feu les ménages espagnols dans ce pays où presque tous les prêts immobiliers sont à taux variable. “L’intensification du processus (de hausse des taux) a progressivement affaibli la demande de logement, ce à quoi le secteur a répondu, comme d’habitude, tardivement”, analyse BBVA. Du coup, le stock de logements vides a gonflé, les agences immobilières souffrent et doivent redoubler d’opiniatreté pour signer une vente. “La situation est terrible” pour le secteur, a commenté Javier Sierra, directeur du réseau de franchises Re/Max, qui s’était illustré début 2007 en organisant des soldes de logements. “Les agences les plus petites souffrent”, et “le marché de la résidence secondaire est pratiquement arrêté”, selon M. Sierra qui estime toutefois que cela va épurer un secteur sur lequel s’était rué nombre de gens lors du boom. Mais il s’interroge aussi sur l’avenir. “Il y a deux critères qui sont traditionnellement mauvais pour l’immobilier, les taux d’intérêt et le chômage”. Les premiers ont déjà nettement monté. Mais la reprise de l’inflation en zone euro pourrait faire hésiter la BCE à inverser la tendance. Quant au chômage, il est légèrement en train de repartir à la hausse et a dépassé la barre des 8% au troisième trimestre. |
||
|