Les fonds souverains d’Etat, nouveau matelas de sécurité pour les Bourses, selon des experts

 
 
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Le secrétaire adjoint au Trésor américain Robert Kimmitt, le 19 mai 2007 près de Berlin (Photo : Michael Urban)

[27/12/2007 15:39:27] PARIS (AFP) La force de frappe financière des fonds souverains, parfois critiqués pour leur opacité, est saluée par les analystes, qui voient en eux un matelas de sécurité pour des marchés boursiers soumis à des crises d’endettement plus fréquentes.

La planète compte aujourd’hui une quarantaine de fonds souverains, souvent contrôlés par des Etats pétroliers ou asiatiques, qui gèrent environ 2.500 milliards de dollars, selon le secrétaire adjoint au Trésor américain Robert Kimmitt.

Ils font “leur shopping sur nos marchés boursiers”, et “la valorisation du CAC 40 commence tout doucement à refléter ce soutien”, note un courtier.

En deux mois, ces fonds ont recapitalisé au pied levé Citigroup, première banque commerciale américaine, le géant suisse UBS et deux des trois premières banques d’investissement américaines, Morgan Stanley et Merrill Lynch.

A chaque fois, l’opération a renforcé les fonds propres de la banque, à terme ou immédiatement, lui permettant d’encaisser une éventuelle aggravation de ses pertes pour cause de subprime. A chaque fois la Bourse a applaudi.

“Sans aller jusqu’à les considérer comme les sauveurs du système bancaire mondial, ils apportent une bouffée d’oxygène bienvenue”, souligne une note du courtier Aurel. “Leurs investissements ciblés permettent d’éviter un rationnement généralisé” du crédit, résume Aurel.

Pour Patrick Artus, l’économiste de Natixis, le nouvel appétit de ces fonds pour la Bourse est l’une des réponses possibles aux “déviances” actuelles du capitalisme, qu’il fustige dans son dernier livre.

“L’exigence de rentabilité” des entreprises est “devenue anormalement élevée, comme le révèlent la rentabilité des fonds propres, le rendement des fonds spéculatifs et des fonds de capital-investissement”, estime M. Artus dans une étude intitulée “Pourquoi les fonds souverains nous sont nécessaires”.

Selon lui, ces excès appellent “une recapitalisation des entreprises et des banques par des actionnaires s’impliquant à long terme et se contentant d’un rendement raisonnable des fonds propres”. Ces actionnaires “pourraient être les fonds souverains”, conclut-il.

L’excès d’endettement des entreprises avait fini par peser sur les marchés boursiers à la fin des années 80, lors de la crise des junk bonds, ces obligations à haut-risque permettant de racheter des entreprises à crédit.

Une autre crise d’endettement avait fait chuter le CAC 40 de 37% en 2002, avec cinq de ses ténors ou ex-ténors affichant des difficultés financières mais traînant les pieds pour augmenter leur capital en créant de nouvelles actions, de peur de diminuer leurs futurs bénéfices par action.

Les grands argentiers des sept pays les plus industrialisés (G7) ont cependant prôné davantage de transparence dans le fonctionnement des fonds souverains, particulièrement critiqués en Allemagne.

“Pour les récipiendaires d’investissements d’origine gouvernementale, nous pensons qu’il est important de renforcer des principes tels que la non-discrimination, la transparence et la prévisibilité”, ont-ils déclaré en octobre.

 27/12/2007 15:39:27 – © 2007 AFP