[27/12/2007 17:57:46] LONDRES (AFP) Les prix du pétrole ont bondi jeudi à de nouveaux plus hauts depuis un mois, à courte portée de leurs records, en raison de l’assassinat de l’ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto et du sixième recul hebdomadaire consécutif des stocks de brut aux Etats-Unis. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en février a grimpé en séance jusqu’à 97,69 dollars, un prix plus vu depuis le 26 novembre. Son record historique, de 99,29 dollars, date du 21 novembre. Parallèlement, sur l’Intercontinental Exchange de Londres, le prix d’un baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a progressé jusqu’à 95,42 dollars, également un plus haut depuis le 26 novembre. Vers 17H30 GMT, le baril coûtait 97,30 dollars à New York (+ 1,33 USD) et 95,04 dollars à Londres (+1,10 USD). Benazir Bhutto, ancien Premier ministre et leader de l’opposition au Pakistan, a été tuée jeudi dans un attentat-suicide survenu lors d’une réunion politique dans la banlieue d’Islamabad, donnant une première impulsion aux cours. “Cela met en lumière encore davantage les tensions géopolitiques et la lutte contre les actes terroristes. Le Pakistan n’est pas une région majeure pour l’exportation de pétrole, mais c’est important en terme de géopolitique”, a commenté Eric Wittenauer, analyste d’AG Edwards. “La circulation du pétrole ne sera pas affectée par l’assassinat de Mme Bhutto, mais cet acte laisse craindre une plus ample déstabilisation d’une région déjà instable”, a estimé John Kilduff, analyste chez MF Global. La géopolitique s’est déjà invitée sur le marché à plusieurs reprises cette semaine. Mardi, le premier producteur africain, le Nigeria, avait été le théâtre d’incidents violents: une quarantaine de personnes a péri dans l’explosion d’un oléoduc vandalisé par des pilleurs, à l’Ouest de Lagos. Mercredi, l’armée turque avait mené un raid aérien contre des positions des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) réfugiés dans le nord de l’Irak. Les tensions entre la Turquie et le PKK contribuent à l’escalade des prix depuis octobre. Les cours ont également été poussés par le rapport hebdomadaire du département américain de l’Energie (DoE), qui a révélé une baisse bien plus importante que prévu, de 3,3 millions de barils, des stocks de brut américains la semaine passée, la sixième baisse consécutive des réserves du premier consommateur mondial d’or noir. Inférieurs de 8,3% par rapport à l’an dernier, les stocks américains de brut se situent “dans la moitié inférieure de la fourchette moyenne pour cette époque de l’année”, a indiqué le DoE. La situation est également précaire pour les stocks de produits distillés, qui comprennent le fioul de chauffage, et sont particulièrement observés pendant l’hiver dans l’hémisphère nord: ils ont baissé de 2,8 millions de barils la semaine passée, et sont désormais inférieurs de 11,2% au niveau de l’an dernier à la même époque. Depuis un mois, les marchés négligeaient les baisses de stocks pétroliers aux Etats-Unis, s’inquiétant plutôt des possibles conséquences en termes de demande du ralentissement économique américain. Conséquence de ces inquiétudes, les prix avaient cédé une dizaine de dollars depuis leurs records historiques de novembre. “Mais la balance penche de nouveau vers les considérations sur la précarité des approvisionnements plutôt que vers les inquiétudes sur le fléchissement de la demande”, a commenté M. Kilduff. L’équilibre précaire entre offre et demande et les facteurs géopolitiques “vont contribuer à entretenir la tendance de hausse, et les 100 dollars le baril sont très certainement une cible atteignable à court terme”, a-t-il ajouté. |
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