La Banque
mondiale a réalisé une étude, intitulée «Se soustraire à la pauvreté au
Maroc », et dont l’objectif est de comprendre quelle est la combinaison de
facteurs individuels, familiaux, communautaires et nationaux qui aiderait la
population à se soustraire d’une situation de pauvreté et à ne plus y
retomber.
Cette
étude est le fruit d’un travail d’équipe. Après avoir adapté la méthodologie
développée pour l’étude internationale comparative sur le thème de la
mobilité dans 15 pays intitulée: Moving out of Poverty: Understanding
Freedom, Democracy and Growth from the Bottom Up, des travaux de
terrain ont été réalisés par une équipe marocaine de recherche. Ces
chercheurs ont utilisé une combinaison d’entretiens avec des informateurs
clés, de discussions de groupes avec des hommes, des femmes, et de jeunes,
et de récits individuels de vie.
Principales conclusions de l’étude
• Les
ménages pauvres s’en sortent mieux dans des communautés urbaines plus
larges et/ou prospères : Les communautés plus larges et urbaines offrent
plus d’opportunités et de services. La capacité des ménages à diversifier
les sources des revenus dépend en grande partie de l’éventail des
opportunités économiques de leur communauté, et ceci semble lié à la taille
des communautés ainsi qu’à une infrastructure et des services relativement
meilleurs.
• La
diversification économique est essentielle à la mobilité, compte tenu de
la volatilité et des moyens d’existence fondamentaux tels que l’agriculture
et l’absence de filets sociaux formels : Les opportunités pour combiner un
emploi saisonnier ou salarié avec d’autres sources de revenus sont corrélées
à une plus grande mobilité, tandis que la dépendance aux revenus agricoles
est corrélée avec une faible mobilité.
• La
migration étrangère et intérieure demeure essentielle pour la mobilité
des ménages et le bien-être de la communauté : Les communautés prospères ont
investi dans la migration à l’étranger et bénéficié en retour d’une demande
accrue pour des biens et services de la part des ménages enrichis par les
envois de fonds.
•
L’accès au capital, par le biais des banques, des associations de
microcrédit, ou de l’héritage contribue au bien-être et à la mobilité des
ménages : L’accès au crédit a permis aux familles d’investir dans des
activités productives, ou d’acquérir des avoirs tels que des maisons tout
autant pour la sécurité psychologique qu’économique.
• La
corruption et le clientélisme affectent le secteur public et le secteur
social. Ils représentent la face obscure du capital social, et sont des
facteurs inhérents de discrimination vis-à-vis des ménages les plus
marginalisés—ce qui limite encore davantage leurs chances de s’améliorer et
de se soustraire à la pauvreté.
•
L’infrastructure et les services sociaux sont importants pour le
bien-être des ménages et des communautés : L’expansion des réseaux d’eau
potable et de l’électricité aux communautés pauvres a nettement amélioré la
perception du bien-être.
•
L’éducation est centrale pour trouver un bon emploi, démarrer une
entreprise à succès, et atteindre l’autonomie personnelle : L’éducation est
toujours considérée comme une étape essentielle de mobilité ascendante, même
si les parents sont d’avis que la qualité de l’enseignement et la motivation
des enseignants a précipitamment baissé.
• Le
rôle économique que les femmes jouent dans leur ménage peut avoir un
impact décisif sur le patrimoine familial : Les ménages ne sont pas des
unités économiques homogènes. Leurs richesses varient selon que les membres
féminins du ménage jouent un rôle économique indépendant.
• Sans
filets sociaux formels, rares sont les ménages qui sont immunisés contre le
risque de mobilité descendante : Le manque de filets sociaux formels,
sous forme d’assurance et d’assistance sociales et de soins de santé
abordables, peut être catastrophique pour les ménages. Ils n’ont aucun
recours en cas de maladie ou de chômage.
• La
pauvreté est multidimensionnelle : Une conclusion claire de l’étude est
que la pauvreté implique de multiples formes d’exclusion – des services, des
réseaux sociaux, et du pouvoir, et que le bien-être ne dépend pas seulement
du revenu mais du sentiment d’inclusion et de dignité.
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