La Banque mondiale accepte désormais l’argent privé pour aider les pauvres

 
 
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Le président de la BM, Robert Zoellick, le 18 décembre 2007 à Pékin (Photo : Frederic j. Brown)

[30/12/2007 08:11:33] WASHINGTON (AFP) Pour la première fois de son histoire, la Banque mondiale (BM) a accepté que des entreprises alimentent le fonds qu’elle utilise pour aider les pays les plus pauvres, et en examinera plus tard les conséquences déontologiques.

“Nous avons reçu, pour la première fois, une contribution du secteur privé”, a révélé, mi-décembre, le nouveau président de la BM, Robert Zoellick, en marge du bilan de la 15ème levée de fonds de l’Association internationale de développement (AID).

Créée en 1960, l’AID accorde des dons et des crédits à taux zéro aux pays dont les habitants gagnent moins de 2 dollars par jour, pour la plupart en Afrique sub-saharienne.

“Pour nous, c’est une bonne alternative potentielle”, a expliqué M. Zoellick, qui avait lancé l’idée en octobre, quelque cent jours après son arrivée à la tête de l’organisation sexagénaire en perte de vitesse.

“Si nous arrivons à faire avancer cette idée, cela nous permettrait de satisfaire une des orientations stratégiques que j’encourage, à savoir impliquer davantage le secteur privé”, avait alors déclaré l’ancien responsable de la banque d’affaires Goldman Sachs.

“Nous avons déjà eu une discussion préliminaire en conseil d’administration”, a-t-il dit mi-décembre, “et c’est un sujet sur lequel, j’espère, nous pourrons avancer dans le cadre d’AID-16”, la seizième levée de fonds de l’association. La dernière collecte triennale a rassemblé 41,6 milliards de dollars.

L’institution multilatérale a choisi d’accepter ses premiers dons sans attendre de disposer d’un cadre déontologique la mettant formellement à l’abri d’éventuels conflits d’intérêts.

“Le montant est modique, symbolique, de l’ordre de 300.000 dollars”, a indiqué à l’AFP un haut responsable de la Banque, qui a préféré conserver l’anonymat. “Nous avons eu une réunion exprès pour cela, donc on pense que c’est bon, on va l’accepter”, a-t-il ajouté.

Pour l’instant, les bailleurs de fonds privés — deux banques japonaises dont l’identité est tenue secrète — ne se sont pas officiellement assis à la table des négociations où Etats, organisations internationales ou fondations font des promesses de contribution, a également plaidé le responsable.

Ils ont simplement fait une donation “en cash” destinée à grossir l’enveloppe de la collecte AID-14 qui court jusqu’en juin 2008, et totalise quelque 32,5 milliards de dollars.

Mais la banque est consciente des limites du procédé.

“On doit retourner à notre conseil d’administration d’ici mars parce qu’on ne peut pas accepter l’argent du secteur privé comme cela, il faut un cadre”, a-t-il ajouté.

Lorsque M. Zoellick avait proposé d’ouvrir au privé le cercle des contributeurs de l’AID, les organisations non-gouvernementales avaient en effet souligné les risques de conflits d’intérêt.

“L’implication de secteur privé dans la reconstitution des fonds de l’AID pose de graves questions”, avait notamment jugé Oxfam. La BM est “une institution publique, qui doit des comptes aux citoyens”, pas aux actionnaires d’entreprises, avait ajouté son porte-parole Sébastien Fourmy.

“Il n’est pas question qu’il y ait aucune influence sur les politiques de l’AID, ce serait des contributions volontaires mais sans contreparties”, a répondu le responsable de la Banque, interrogé par l’AFP. Pour lui, le problème ne tient pas tant aux exigences des contributeurs, qu’à leur lettres de créances.

“De plus en plus d’entreprises privées ont des programmes importants de contribution à des oeuvres de charité et de développement”, a-t-il rappelé.

En revanche, “il faut que ce soit des institutions qui ont une bonne réputation (…) il faut qu’il y ait un filtre”.

 30/12/2007 08:11:33 – © 2007 AFP