Que faire de sa richesse ?”
s’est demandé Patrice Hoppenot, lorsqu’en 1997 il a réalisé qu’il avait
gagné assez d’argent pour bien vivre et assurer un avenir à ses cinq enfants
? Il avait alors légèrement dépassé la cinquantaine et le fond
d’investissement BC Partners, créé en 1987, dont il était cofondateur, lui
avait permis d’être très bien rémunéré.
La pratique veut en effet que les gérants se partagent 20 % de la
plus-value générée par les fonds qui leur sont confiés.
” Nous rachetions les divisions non
stratégiques de grands groupes ; nous transformions des cadres sous-estimés
en dirigeants performants ; nous revendions les sociétés ou les
introduisions en Bourse. Les résultats étaient spectaculaires”,
explique-t-il.
Amateur d’art, il songe à ouvrir une galerie. Mais le milieu ne
lui plaît guère. Les entrepreneurs qu’il a pris l’habitude de fréquenter,
eux, le séduisent. “Ils ont du talent,
du culot !”, apprécie-t-il. Et de souhaiter lui aussi
“faire quelque chose d’utile. J’ai eu de
la chance dans la vie. Je voulais en faire profiter les autres”.
Il décide alors de créer un fonds d’investissement pour des entrepreneurs
auxquels personne ne s’intéresse : les créateurs et dirigeants de petites et
moyennes entreprises (PME) africaines des pays francophones.
Pourtant, il avait une faible connaissance de ce continent,
malgré deux années passées à travailler comme enseignant en Algérie. Et
aucune des problèmes de développement. En un an, il en apprend les arcanes
et le langage. Avec deux amis et collègues de BC Partners, Michel Guillet et
Abdelzaziz Zouad, il crée, en 2002, Investisseur et Partenaire pour le
développement (I & P). Ils investissent 2 millions d’euros à eux trois. Et
rapidement, il est ” submergé par
l’enthousiasme que ce projet suscite”.
Aujourd’hui, la société a 20 actionnaires et un capital de 20
millions d’euros. Un tiers provient de deux grandes institutions, Proparco
(Banque d’investissement de l’Agence française de développement) et la
Banque européenne d’investissement (BEI). Des
“amis”, gérants de fonds,
banquiers ou chefs d’entreprise, ont apporté le reste. La moitié des fonds
environ sont investis dans des banques du secteur de la microfinance,
l’autre partie dans des sociétés industrielles ou de services. En Afrique,
mais aussi au Cambodge, et en Amérique latine.
Ils espèrent que leurs placements seront rentables. Pas pour en
tirer eux-mêmes des profits, mais
“pour (bâtir dans ces pays)
un réseau d’entrepreneurs solides”
afin que les jeunes puissent trouver, sur place, des stages et du
travail.
Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Les bénévoles
compétents, prêts à partir en mission pour aider une entreprise, comme les
investisseurs, qui ne souhaitent pas forcément s’impliquer dans les projets.
Un travail “passionnant”,
selon M. Hoppenot, qui s’estime
“encore plus optimiste depuis qu‘(il)
fait ce métier”.
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