[31/12/2007 11:50:00] NICOSIE (AFP) Chypre et Malte, un peu plus d’un million d’habitants à elles deux, entrent lundi à minuit dans la zone euro, partagées entre la volonté de leurs dirigeants d’en retirer des bienfaits économiques et l’inquiétude d’une hausse des prix au sein de la population. Chypre, à 22h00 GMT, et Malte, une heure plus tard, vont devenir les 14e et 15e pays de la zone euro, un bloc qui passera à 318 millions d’habitants, dans l’attente d’une éventuelle intégration de la Slovaquie en 2009. Avec 800.000 habitants pour Chypre et 400.000 pour Malte, les deux îles de Méditerranée, anciennes possessions britanniques indépendantes depuis les années 1960, font figure de petits poucets: elles ne représentent respectivement que 0,17% et 0,06% du produit intérieur brut (PIB) de la zone. Pour autant, l’opération a entraîné l’émission de plus de 100 millions de billets en euros et plus de 500 millions de pièces, selon les banques centrales. Par ailleurs, même si les PIB par habitant restent inférieurs à la moyenne de la zone (92% pour Chypre, 71,5% pour Malte), les deux îles y font leur entrée fortes d’une croissance économique soutenue –autour de 4% chacune– et du satisfecit de Bruxelles en terme de préparatifs. Chypre et Malte, moins de quatre ans après leur adhésion à l’Union européenne (UE), semblent “bien préparées”, a noté la commission européenne. Après le double affichage ou la distribution de centaines de milliers de convertisseurs, l’arrivée de la monnaie unique devait faire l’objet de célébrations lundi soir, comme un feu d’artifice au-dessus du port de La Valette, à Malte.
A Chypre, où mêmes les bases britanniques de Dhekelia et Episkopi-Akrotiri passent à l’euro, la dernière semaine a aussi été marquée par une ruée sur la nouvelle monnaie, entraînant d’importantes queues dans les banques. Les dirigeants des deux pays vantent les bienfaits économiques de l’adoption de l’euro. Malte, qui a perdu son statut de paradis fiscal mais conservé un régime attrayant, entend notamment en profiter pour accélérer la mue de son économie vers les services pour l’industrie ou la haute technologie. L’adoption de l’euro attirera les investisseurs, stimulera la croissance et augmentera la stabilité monétaire, estime-t-on côté chypriote. De plus, le tourisme, secteur clé de l’économie de la troisième île de Méditerranée par la taille, attire de nombreux Européens qui n’auront plus à payer des frais de change. “Nous sommes confiants dans le fait que l’adoption de l’euro créera des conditions favorables pour parvenir à (…) réunir Chypre, son économie, son territoire”, a dit le président chypriote Tassos Papadopoulos. L’île est divisée depuis 1974 entre la partie grecque, sur les deux-tiers sud, et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara et qui utilise la livre turque.
L’arrivée de l’euro est toutefois perçue avec inquiétude par les populations insulaires, qui craignent une hausse des prix, comme dans d’autres pays. “Psychologiquement, les gens s’attendent au pire”, a affirmé à l’AFP Christofis Christofi, patron d’un magasin de vêtements de Chypre. Selon des sondages récents effectués pour l’UE, près de 70% des Chypriotes estiment que l’euro engendrera une hausse de l’inflation, actuellement de 3%. La banque centrale chypriote assure le contraire. Les autorités maltaises ont elles multiplié les accords avec les distributeurs et, sur les deux îles, toute hausse abusive pourra être dénoncée. Dans les deux cas, la monnaie “sortante” est plus “forte”: un euro équivaut à 0,4293 lire, la monnaie de Malte depuis 1986, et 0,585274 livre chypriote. D’un point de vue pratique, à Chypre les livres pourront être utilisées jusqu’à fin janvier. Mais, selon des analystes, elles auront majoritairement disparu de la circulation sous 15 jours. |
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