[31/12/2007 11:54:10] KARACHI (AFP) La Bourse de Karachi au Pakistan a connu lundi un plongeon historique, quatre jours après l’assassinat de Benazir Bhutto, des investisseurs s’alarmant du chaos politique dans cette puissance nucléaire au taux de croissance économique de 7%. L’indice de la place boursière de la capitale économique pakistanaise a dégringolé de 4,7% à la clôture, soit l’une des plus fortes chutes de son histoire. Il a dévissé de 695 points pour finir à 14.077 points. La Bourse était fermée depuis jeudi soir, le jour de l’attentat qui a coûté la vie à l’ex-Premier ministre pakistanaise. “C’est l’une des plus fortes chutes que nous ayons connues”, a déclaré Samiullah Tariq, analyste du courtier InvestCap. “C’est un plongeon historique, une illustration des désordres dans tout le pays”, a renchéri Nabeel Jafar, de la maison de courtage Zafar Moti Capital Securities. “Qui va investir sur un marché lorsque des dirigeants politiques sont tués et qu’il y a des émeutes ?”, s’est-il interrogé. Cette correction de 4,7% en une seule séance est plus sévère que les 4,6% perdus le 5 novembre dernier après que le président Pervez Musharraf eut imposé l’état d’urgence, une mesure d’exception qu’il a levée depuis. Vendredi, au lendemain de l’assassinat de Mme Bhutto, les marchés boursiers européens et asiatiques avaient reculé, après des pertes enregistrées à Wall Street, sur fond de craintes d’instabilité au Pakistan, seul pays musulman doté de l’arme nucléaire. Depuis que le président Musharraf a imposé l’état d’urgence, des investisseurs s’inquiètent d’une déstabilisation majeure de ce pays d’Asie du Sud de 160 millions d’habitants, secoué depuis des mois par une crise politique d’envergure et meurtri par une vague sans précédent d’attentats-suicide. Vendredi, la plus grande agence internationale de notation, Standard and Poor’s (S&P) a prévenu qu’elle réduirait la note d’endettement du pays si le niveau de violence devait encore augmenter. Les notes d’endettement des pays attribuées par les agences de notation reflètent la capacité des autorités à honorer leurs engagements budgétaires et financiers. Même son de cloche du côté de la banque française Natixis qui craint, dans une note à ses clients, que la Bourse perde jusqu’à 6% et que la roupie pakistanaise se déprécie de 10 à 15% face au dollar. Le Pakistan a pourtant connu une forte expansion économique depuis le coup d’Etat de M. Musharraf en 1999, avec un taux de croissance moyen de 6% sur un an depuis 2004 et même de 7% en 2006, l’un des meilleurs chiffres au monde. Les investissements directs étrangers atteignent 10 milliards de dollars annuels, essentiellement venus de pays arabes et des Etats-Unis. Et malgré la grande pauvreté d’une majeure partie de la population, les signes de dynamisme économique sont nombreux dans les grandes villes: de la multiplication des enseignes internationales à la croissance exponentielle du nombre de téléphones portables en passant par l’augmentation du parc automobile, notamment de luxueuses berlines occidentales. Mais à l’heure actuelle, “nos échanges commerciaux internationaux sont complètement bloqués”, a déploré Tanvir Ahmad Sheikh, président de la Fédération pakistanaise des chambres de commerce et d’industrie. |
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