[02/01/2008 19:09:45] WASHINGTON (AFP) La flambée des cours du pétrole tombe particulièrement mal pour une économie américaine déjà fragilisée par la crise de l’immobilier et où se multiplient les signes annonciateurs d’une récession. Le jour même où les cours du pétrole franchissaient la barre des 100 dollars le baril à New York, des statistiques montraient que l’activité industrielle aux Etats-Unis avait reculé en décembre après dix mois de hausse. “Une récession a commencé dans le secteur industriel et nous pensons que c’est le début d’une récession générale de l’économie au premier semestre 2008”, a estimé Daniel Meckstroth, chef économiste de l’Alliance des industriels MAPI. Et d’énumérer: “La chute de l’immobilier, la baisse de la production automobile, les prix record du pétrole et la crise du crédit sont assez de chocs pour provoquer l’arrêt de n’importe quel cycle économique.” Certains relativisent malgré tout l’impact du pétrole à 100 dollars. “Nous avons déjà atteint de tels niveaux en termes corrigés de l’inflation”, rappelle Peter Morici, économiste à l’université du Maryland. Au cours des dernières années, le prix du pétrole a passé des paliers successifs –50, 60 puis 80 dollars– sans que cela fasse dérailler la première économie mondiale, qui a beaucoup accru sa résistance: le pays s’est enrichi, la part du pétrole dans les dépenses a baissé, et de gros progrès ont été faits pour économiser cette énergie, ajoute-t-il. La pilule sera-t-elle aussi facile à avaler cette fois? Certains en doutent. “Beaucoup de gens ont été surpris par la résistance de l’économie ces dernières années”, estime John Irons, directeur des recherche à l’Economic Policy Institute. La différence cette fois est que “nous avançons en territoire inconnu”, du fait de la décélération de l’économie. Si les cours redescendent rapidement, les dégâts seront limités. Mais “s’ils se maintiennent à 95-100 dollars, cela constitue une vraie menace, car cela amputerait la croissance d’un point ou plus au cours de l’année à venir”. L’économie américaine souffre à tous les niveaux d’un pétrole cher: à la fois du côté des entreprises, qui voient grimper les coûts de transport, et du côté des consommateurs, qui prennent de plein fouet la hausse des prix de l’essence et celle du fuel de chauffage. Les ménages les plus modestes, ceux qui dépensent l’intégralité de leur paie, sont généralement les premiers à pâtir de la situation. Les répercussions sur l’économie sont directes, car la consommation est de loin le premier moteur de la croissance américaine. Déjà, il s’avère que les achats pour les fêtes de fin d’année auront, au mieux, été en demi-teinte. “Dans le passé, l’économie s’est toujours remise des hausses du coût du pétrole, après un passage à vide. Mais il y a des risques de ralentissement plus fondamental” aujourd’hui, note Ethan Harris, chef économiste de Lehman Brothers. “Il faut du temps pour ralentir le consommateur américain, mais ces chocs pourraient être assez importants pour y parvenir”, avertit-il. Mais qu’on se dirige vers le scénario d’une récession ou d’un ralentissement marqué, aucun n’est agréable, estime pour sa part M. Irons. “Le scénario le plus probable est celui d’un ralentissement, mais cela pourrait, à plusieurs titres, causer autant de torts qu’une récession officielle”, ajoute-t-il. Pour les analystes, l’incontestable ralentissement de l’économie accroît la pression sur la Réserve fédérale pour qu’elle baisse ses taux. “Nous pensions jusqu’à présent qu’elle allait maintenir le statu-quo compte-tenu de sa réticence à assouplir le loyer de l’argent, mais le scénario d’une baisse des taux à la fin du mois a considérablement gagné en crédibilité après ces chiffres”, estime Stephen Gallagher de la Société Générale. |
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