[03/01/2008 09:57:24] PEKIN (AFP) La tentative de Singapore Airlines d’entrer au capital de China Eastern pour s’implanter sur un marché chinois en forte croissance suscite de plus en plus d’opposition à l’approche d’un vote décisif. Les actionnaires doivent se prononcer mardi prochain, mais un des plus importants, l’entreprise publique China National Aviation a déjà fait part de ses réserves. Selon China National Aviation, qui est également la holding d’une des plus importantes compagnies nationales, Air China, l’accord préalable “ne reflète pas la valeur réelle” de China Eastern, cotée à la Bourse de Hong Kong. Singapore Airlines (SIA) et sa holding Temasek offrent 3,80 dollars de Hong Kong l’action pour la troisième compagnie chinoise. “En tant qu’actionnaire de China Eastern Airlines, nous demandons à cette dernière de procéder à de plus amples discussions avec Singapore Airlines (SIA) et Temasek (…) en vue de parvenir à un projet acceptable selon nous”, a indiqué mercredi China National Aviation dans un communiqué.
SIA et Temasek sont convenus d’acquérir ensemble 24% du capital: 15,73% pour le premier, 8,27% pour le second, soit un montant de 923 millions de dollars. Pour la compagnie chinoise, qui a enregistré en 2006 une perte de 2,78 milliards de yuans (plus de 360 millions de dollars), ce serait un apport de capital bienvenu et une expertise de la part d’une compagnie phare en Asie, l’une des plus rentables au monde. De son côté, Singapore Airlines se réjouit d’une entrée sur un marché en pleine croissance, en particulier sur la liaison lucrative opérée par China Eastern entre Shanghai et Hong Kong. Le trafic aérien en Chine – passager et fret – a à peu près doublé entre fin 2000 et 2005. Or, selon China National Aviation, l’offre comporte des éléments limitant la concurrence, ce qui est injuste à l’égard des investisseurs locaux et étrangers et pourrait porter atteinte au développement du transport aérien. De plus, le titre de China Eastern a plus que doublé depuis septembre, sur des rumeurs d’une relance de l’offre concurrente présentée par Air China et un des actionnaires de cette dernière, Cathay Pacific. “Cathay et Air China ont toujours été intéressés par une alliance avec China Eastern. Ils devraient mettre sur la table une nouvelle proposition et peuvent déjà l’avoir fait”, estime Deng Hongmei, un analyste de Essence Securities basé à Shanghai. Pour Peter Harbison, un consultant du Centre de l’aviation Asie-Pacifique de Sydney, “s’il est hors de question de les voir doubler le prix offert, l’élever permettrait cependant de réduire la pression”. China Eastern a contre-attaqué jeudi en jugeant le prix de 3,80 dollars de Hong Kong l’action “raisonnable”, “résultat de longues discussions basées sur le marché”. Cependant, le prix n’est pas forcément à l’origine des réticences. Pour Li Lei, analyste basé à Pékin de CITIC Securities, la récente nomination de l’ancien président d’Air China Li Jiaxiang à la tête de l’Administration de l’aviation civile pourrait ainsi renforcer le camp du “non”. Selon lui, Li Jiaxiang est connu pour être favorable à une union des compagnies chinoises plutôt qu’au recours aux étrangers. “Le plus important, c’est qu’Air China ne veut pas de SIA, car il sera alors plus difficile pour elle de s’imposer sur le marché de Shanghai”, dit Li Lei. “Il est très probable que l’accord ne sera pas voté lors de la réunion des actionnaires”, juge même l’analyste. |
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