[03/01/2008 12:51:28] PARIS (AFP) La fièvre qui pousse les matières premières à la hausse ne devrait pas épargner les valeurs agricoles, dopées par la hausse des taxes à l’exportation sur les céréales en Chine et en Russie, une très forte demande mondiale, la mauvaise récolte en Australie et une intense spéculation. La Chine a annoncé en fin de semaine dernière la mise en place effective dès le 1er janvier de taxes à l’exportation pour les céréales, le riz et le soja allant de 5% à 25%. La Russie a annoncé au même moment le quasi-quintuplement de 22 à 105 euros la tonne des taxes à l’exportation de céréales pendant trois mois, ce qui devrait de facto la faire sortir du marché international. Des annonces qui interviennent alors que l’Argentine vient de suspendre ses exportations de blé jusqu’à nouvel ordre, et alors que la mauvaise récolte 2007 de l’Australie pour cause de sécheresse avait déjà largement réduit l’offre. Ne restent donc comme grands exportateurs que les Etats-Unis, le Canada ou le Kazakhstan. Dans l’Union européenne, la récolte de la France, premier producteur céréalier de l’UE, a elle aussi été mauvaise, notent les analystes. En outre, le baril de pétrole a atteint mercredi pour la première fois 100 dollars, un niveau qui encourage le transfert vers les énergies alternatives et accroît la demande de blé et de maïs, avec lesquels sont produits le bioéthanol, ou celle de soja (biodiesel). La répercussion de ces nouvelles sur le marché de Chicago a été immédiate: le contrat à terme sur le soja a fini mercredi à 12,3250 dollars, à moins de 60 cents de son pic historique (12,90 dollars), atteint en 1973. Le contrat de blé pour livraison en mars a gagné 30 cents, la progression quotidienne maximum autorisée sur le Chicago Board of Trade (CBOT). Le contrat de maïs pour échéance en mars a lui aussi clôturé en forte hausse (+7,50 cents). “La situation sur le marché est vraiment très tendue”, constate Joe Victor, analyste d’Allendale. “Les stocks sont à des planchers historiques, et toute restriction supplémentaire sur les exportations ne peut que conduire à des niveaux de prix plus élevés”, remarque Abdolreza Abbassian, analyste du marché céréalier à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et de l’agriculture (FAO). Selon lui, l’impact sur le marché est avant tout psychologique car “la majeure partie des céréales russes qui auraient pu être exportées l’a déjà été”. Mais, si la Chine comme la Russie disposent d’assez de ressources céréalières pour leur marché intérieur, les autorités de ces pays s’inquiètent du retour de l’inflation et de la hausse du prix des denrées alimentaires. Pour éviter une “course à l’exportation” des céréales et du soja, elles veulent faire passer le message, parfois à vocation électorale comme en Russie, que “tant que les prix augmentent, elles ne laisseront pas les ressources céréalières partir à l’exportation”, souligne M. Victor. Alors que l’indice de la FAO mesurant l’évolution des prix alimentaires dans le monde a bondi de près de 40% en 2007, M. Victor s’attend à ce que la tendance haussière persiste au moins “jusqu’au début du mois d’avril”, quand les perspectives pour les récoltes 2008 seront un peu plus claires. D’autant plus que la demande des pays émergents continue à fortement augmenter: “le 31 décembre, on a encore reçu un appel d’offre de 610.000 tonnes de blé du Pakistan et de 50.000 tonnes de plus du Bangladesh”, note l’analyste d’Allendale. Les analystes de la banque d’affaire Goldman Sachs s’attendent à ce que l’envolée des matières premières continue cette année, et en particulier dans le domaine des denrées agricoles, pour lesquelles ils ont relevé leurs perspectives de prix il y a trois semaines, notamment pour le soja (+60%). |
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