[04/01/2008 11:20:25] NEW DELHI (AFP) La décision de Ford de retenir le groupe indien Tata Motor comme interlocuteur privilégié pour la vente des célèbres marques automobiles Jaguar et Land Rover montre la volonté de l’Inde de devenir un acteur de premier plan sur le marché automobile mondial. De fait, avec ces deux marques de prestige, Tata pourrait faire un énorme bond technologique et économiser des années de recherche et développement, selon les analystes vendredi. Le constructeur automobile américain a annoncé jeudi être entré en “discussion détaillée” avec Tata Motors, l’un des bras du tentaculaire groupe indien Tata, présent sur des secteurs aussi variés que le thé ou l’acier. “Etant donné les ambitions globales de Tata, cet achat est tout à fait sensé”, selon Chirag Shah, analyste chez Emkay Securities. “Si ils veulent évoluer au niveau de Volkswagen ou Audi, ils ont besoin de ce genre d’investissements”, a-t-il insisté: “Actuellement, les constructeurs automobiles indiens n’ont pas les capacités technologiques pour concurrencer ces entreprises, ils gagneraient un temps considérable en achetant ce type de marque”. Une telle opération serait un coup de maître pour cette entreprise familiale après l’achat, dans le secteur de la sidérurgie, du britannique Corus (ex-British Steel) début 2007 pour 13,7 milliards de dollars.
Ratan Tata, directeur exécutif du groupe, 70 ans, a toujours voulu faire de l’entreprise familiale un acteur global, et il avait affirmé depuis longtemps que celle-ci allait “étendre ses ailes bien au delà de l’Inde”. Dans un communiqué récent, M. Tata a espéré que la transaction avec Ford puisse aboutir dans les prochaines semaines, tout en reconnaissant que les discussions seront complexes. Selon des annonces de presse, les offres faites pour l’instant vont de 1,5 milliard à 2 milliards de dollars, soit 1 à 1,4 milliard d’euros. Tata a un besoin urgent de nouvelle technologie pour faire face à la concurrence de constructeurs étrangers comme General Motors et Renault, qui ont fait de lourds investissements en Inde, afin de s’implanter sur un marché local en rapide développement. Tata Motors, premier constructeur indien de camions, s’est lancé dans la production automobile il y a neuf ans, avec son deux portes break Indica. Ce modèle est le seul à avoir été conçu par l’entreprise jusqu’à ce jour, tous ses autres produits étant en fait des dérivés de ce Indica. Le titre Tata Motors était en hausse de 3,75 points, soit 0,47%, à 798 roupies, vendredi après-midi, après l’annonce de Ford. Selon les analystes, une reprise de Jaguar et Land Rover interviendrait au bon moment pour Tata, les investissements massifs de Ford dans ces deux marques commençant à porter leurs fruits. “Beaucoup de choses intéressantes sont sur le point d’aboutir chez Jaguar, et cette acquisition représenterait un bon technologique énorme en termes de produits, car les produits sont rois dans le secteur automobile”, selon Hormuz Sorabjee, rédacteur en chef du premier magazine automobile indien. Les analystes soulignent que Land Rover fait à nouveau des bénéfices et que Jaguar pourrait bientôt revenir dans le vert. “Ford a payé de 5 à 7 milliards de dollars pour ces deux marques, selon la façon dont on fait la conversion et l’ajustement par rapport à l’inflation, et le constructeur a ajouté 10 milliards de dollars pour les relancer”, a précisé M. Shah : “Et Tata va récolter les fruits de ces investissements à une fraction de leur coût”. En prenant le contrôle de Jaguar et Land Rover, Tata pourrait se retrouver dans la situation de produire deux des marques automobiles les plus prestigieuses mais aussi l’une des moins chère. Tata envisage de dévoiler le 19 janvier sa “voiture du peuple”, un modèle à 100.000 roupies, soit 2.500 dollars. |
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