[07/01/2008 15:53:36] PARIS (AFP) L’inflation devrait poursuivre sa progression en 2008 en France sous l’effet notamment de la flambée du pétrole, menaçant d’éroder le pouvoir d’achat des ménages, l’une de leurs principales préoccupations. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, l’a affirmé samedi: “On aura sans doute plus d’inflation en 2008 qu’on a eu en 2007”. En cause, l’envolée des prix des matières premières et surtout du pétrole, les cours ayant franchi la semaine dernière le record de 100 dollars le baril et de nombreux experts pronostiquant une hausse durable. Conséquence: l’inflation est “hélas”, actuellement supérieure à 2%, a regretté Christine Lagarde. Et les économistes tablent sur une poursuite de la hausse des prix au premier semestre 2008, avant un reflux au second semestre. Certes la France résiste mieux que beaucoup de ses voisins de la zone euro, où l’inflation est restée en décembre à 3,1% sur un an, son plus haut niveau depuis six ans et demi. Bercy estime toujours que l’année 2007 s’achèvera sur un rythme d’inflation de 1,5%. Pour 2008, le gouvernement table sur un taux à 1,6%, “soit un écart de 0,1 point”, d’une année sur l’autre, “extrêmement minime”, selon Mme Lagarde. Reste que l’accélération de l’inflation se traduira mécaniquement par une baisse du pouvoir d’achat des Français, alors même que le sujet les préoccupe de plus en plus. Selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, leur pouvoir d’achat va se ralentir début 2008, affecté notamment par l’inflation et “malgré l’impact favorable” des mesures du “paquet fiscal” (heures supplémentaires, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunts, exonération des droits de succession, etc.). L’Institut de la statistique prévoit un pic de l’inflation à 2,8% en février, qui entraînerait un ralentissement du pouvoir d’achat des ménages au premier semestre, à 0,6%, soit 1,2% en rythme annuel, après 3,3% en 2007 et 2,4% en 2006. “Si elle est moins importante qu’ailleurs en Europe, l’inflation commence à être un problème en France”, juge Alexander Law, analyste chez Xerfi. En décembre, le moral des ménages a fléchi pour le cinquième mois consécutif. Nicolas Bouzou, économiste du cabinet Asterès, y voit le signe que les Français sont “véritablement tétanisés par les augmentations passées des prix”. “La conséquence la plus immédiate, c’est qu’ils risquent de dépenser moins”, relève-t-il. La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française, a en effet baissé depuis septembre, pendant trois mois consécutifs. “Toutes les enquêtes de confiance montrent que les Français sont très sensibles à la hausse des prix dans certaines catégories de services”, souligne Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas. “Il s’agit des loyers, des prix alimentaires et énergétiques, qui sont à la fois des dépenses contraintes et fréquentes et qui ont justement subi les plus fortes hausses récentes”, ajoute-t-il. “Il y a un effet très psychologique dans la hausse des prix, qui fait que même si le pouvoir d’achat des Français continue de croître, ils peuvent décider de réduire leurs dépenses et se tourner vers l’épargne”, poursuit M. Kaiser. C’est dans ce contexte d’incertitude sur la croissance que Nicolas Sarkozy, qui voulait être “le président du pouvoir d’achat”, tient mardi sa première conférence de presse de l’année. Au coeur des inquiétudes des Français avec l’emploi, le pouvoir d’achat devrait figurer en bonne place parmi les sujets sur lesquels devra s’exprimer le Président, en recul dans les sondages. |
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