Deux prix Nobel pour changer les instruments de mesure de la croissance

 
 
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L’économiste américain Joseph E. Stiglitz donne une conférence à l’université de Phnom Penh, le 25 octobre 2007 (Photo : Tang Chhin Sothy)

[08/01/2008 19:29:04] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy a confié à deux prix Nobel d’économie, l’Américain Joseph Stiglitz et l’Indien Amartya Sen, une mission de réflexion sur la croissance qui prenne en compte le bien-être économique au-delà de la simple mesure du produit intérieur brut.

“Il faut changer notre instrument de mesure de la croissance”, a déclaré lors d’une conférence de presse le chef de l’Etat, estimant qu’il fallait réfléchir “aux limites de notre comptabilité nationale et de PNB (Produit national brut)”.

Les nouveaux indices devraient mieux prendre en compte la perception des Français, qui “n’en peuvent plus de l’écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et des difficultés croissantes qu’ils éprouvent dans leur vie quotidienne”, a estimé M. Sarkozy.

“Cela mine la croissance, car plus personne ne croit en l’économie”, a-t-il ajouté, au moment où des menaces pèsent sur la croissance et le pouvoir d’achat des Français.

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L’économiste indien Amartya Sen donne une conférence à l’université de New Delhi, le 18 décembre 2007 (Photo : Manpreet Romana)

M. Sarkozy a indiqué qu’il avait demandé à “deux prix Nobel d’économie qui ont beaucoup travaillé sur ces questions d’accepter de conduire cette réflexion”. “Amartya Sen a accepté de m’apporter ses conseils et Joseph Stiglitz de présider le comité d’experts.”

M. Stiglitz a confirmé à l’AFP qu’il présiderait une telle commission, avec la collaboration de M. Sen. Le calendrier des travaux n’a pas encore été fixé, a-t-il indiqué, mais il vise un résultat “à moyen terme”, c’est-à-dire d’ici environ 18 mois.

Le “large mandat” confié à l’universitaire américain, connu pour son franc parler et ses positions altermondialistes, vise “à mettre en place une commission d’étude sur la question de savoir comment mesurer le bien-être”, a-t-il dit.

Selon lui, “il y a depuis longtemps un fort sentiment, parmi les économistes professionnels, que le produit intérieur brut (PIB) n’est pas un bon instrument de mesure”. “Il ne mesure pas convenablement les changements qui affectent le bien-être, il ne permet pas de comparer correctement le bien-être dans différents pays”, a-t-il précisé.

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Nicolas Sarkozy donne une conférence de presse, le 8 janvier 2008 à l’Elysée à Paris, le 8 janvier 2008 (Photo : Eric Feferberg)

Or, en tant que dirigeant politique, “si vous essayez de maximiser le PIB et que le PIB n’est pas un bon instrument de mesure, vous cherchez à maximiser la mauvaise chose et cela peut-être contreproductif”, a-t-il estimé.

L’OCDE travaille sur le même sujet, en collaboration avec la Commission européenne et la Banque mondiale notamment, et a tenu deux conférences sur ce thème l’an dernier à Rome puis à Istanbul.

Joseph Stiglitz, 64 ans, actuellement professeur à l’université de Columbia à New York, a reçu le prix Nobel d’économie 2001 pour ses travaux sur l’influence de la distribution inégale des informations sur le comportement des marchés financiers.

Il avait acquis une grande notoriété à la suite de ses violentes critiques contre le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qu’il avait décidé de quitter fin 1999 alors qu’il y était économiste en chef.

M. Stiglitz fut aussi chef des conseillers économiques du président démocrate américain Bill Clinton.

Amartya Sen, 74 ans, a obtenu le prix Nobel en 1998, pour ses travaux portant notamment sur l’économie du bien-être, la théorie du développement humain et les inégalités.

 08/01/2008 19:29:04 – © 2008 AFP