[08/01/2008 14:25:40] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy veut faire de la Caisse des dépôts (CDC), déjà présente au capital de la plupart des grands groupes français, “un instrument de la politique de défense” des entreprises nationales face à la montée en puissance des fonds. “Face à la montée en puissance des fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n’obéissent à aucune logique économique”, la France assume “le choix politique, stratégique, de protéger ses entreprises, de leur donner les moyens de se défendre et de se développer”, a déclaré le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse. “La Caisse des dépôts, nous allons en faire un instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la Nation”, a-t-il insisté, dans une veine proche du “patriotisme économique” prôné par l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin. La multiplication l’an dernier de rachats de grands groupes américains par des fonds d’investissement privés avait relancé les craintes d’opérations similaires contre des fleurons de l’économie française. Plus récemment, des fonds souverains (étatiques) asiatiques et de pays du Golfe sont venus à la rescousse des plus grands noms de la finance mondiale, comme Citi, Morgan Stanley ou UBS, fragilisés par la crise des subprime. La Caisse des dépôts n’a pas souhaité faire de commentaires. Mais l’institution publique, considérée comme le bras financier de l’Etat, s’est dotée en décembre d’un plan stratégique à l’horizon 2020 qui fixe notamment comme “priorité” le soutien aux PME. En ce qui concerne les grandes entreprises, son directeur général Augustin de Romanet avait affirmé que la Caisse serait guidée d’abord par un souci de “rentabilité financière”. Il ajoutait toutefois qu’elle serait attentive à “d’autres critères”, comme “la nécessité de stabiliser l’actionnariat de sociétés afin de développer leurs centres de décision en France ou en Europe”. La Caisse gère déjà plusieurs dizaines de milliards d’euros investis notamment dans les plus grands groupes français. Elle est présente au capital de 250 entreprises cotées, actionnaire minoritaire de la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 et principal ou second actionnaire d’une douzaine d’entre elles. Pour sa part, la ministre de l’Economie Christine Lagarde avait estimé que “l’investissement” de la CDC “dans des participations susceptibles de procurer une influence notable dans l’administration de l’entreprise” n’avait “pas vocation à être la norme”. Il faut “arrêter d’opposer cette volonté industrielle qui est la nôtre avec le libéralisme, ce qui est absurde”, a estimé M. Sarkozy. Pour lui, “on peut être parfaitement libéral et dire: +nos entreprises, on va les défendre+”. “On ne peut pas se retrouver avec des fonds spéculatifs qui s’abattent sur une entreprise et la vendent”, a dit M. Sarkozy, ajoutant que le capitalisme financier avait “besoin d’être moralisé”. Nicolas Sarkozy a cité le cas de Péchiney, “qui a disparu sans que personne ne lève le petit doigt”. En fait, le groupe français d’aluminium et d’emballage a été racheté en 2003 par le groupe industriel canadien Alcan, après l’obtention d’un feu vert du gouvernement Raffarin, dont faisait partie M. Sarkozy. En novembre, les syndicats ont dénoncé la passivité du gouvernement actuel après la vente par son nouveau propriétaire, le groupe minier australo-britannique Rio Tinto, de divisions d’Alcan rassemblant 10.000 des 15.000 ex-salariés en France de Péchiney. |
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