Télévision publique : Sarkozy évoque une “révolution” avec l’arrêt éventuel de la pub

 
 
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Nicolas Sarkozy s’adresse aux journalistes, le 8 janvier 2008 à l’Elysée (Photo : Eric Feferberg)

[08/01/2008 18:44:27] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy a annoncé réfléchir à une suppression de la publicité à la télévison publique une promesse de “révolution” qui a fait bondir les actions des TV privées, alors que le gouvernement a rejeté à ce jour les projets de France Télévisions pour accroître ses ressources.

“Je souhaite que le cahier des charges de la télévision publique soit revu, profondément, et que l’on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques”, a dit mardi le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse.

Le financement pourrait alors être assuré “par une taxe sur les recettes publicitaires accrue des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d’affaires de nouveaux moyens de communication, comme l’accès à internet ou la téléphonie mobile”, a-t-il précisé.

Réagissant à cette annonce, le PDG de France Télévisions Patrick de Carolis a jugé qu’une “clarification” validait la stratégie éditoriale du groupe en faveur d’une programmation de qualité. Elle “va permettre de renforcer encore l’identité du service public”, a-t-il estimé dans un communiqué.

Depuis plusieurs mois, Patrick de Carolis réclame des moyens accrus, car, selon lui, “accélérer la montée en puissance du virage éditorial pour investir davantage encore dans la création française a un coût”.

Pour ce faire, il a proposé soit un relèvement de la redevance -dont le montant est majoritairement utilisé pour financer l’audiovisuel public-, soit une coupure publicitaire supplémentaire.

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Vue prise le 25 juillet 2003 du siège de France Télévisions à Paris (Photo : Jean Ayissi)

Les ressources publiques du groupe devraient s’élever à 1,945 md d’euros en 2008. Côté pub, France Télévisions a engrangé un peu plus de 800 millions d’euros de recettes publicitaires en 2007, selon les estimations du groupe.

La ministre de la Communication, Christine Albanel, avait indiqué en septembre qu’une nouvelle coupure publicitaire pour France Télévisions “pouvait avoir des conséquences sur l’ensemble du marché” jugé “fragile”. Elle avait ajouté qu’il y aurait “certainement une réflexion globale” sur le sujet pouvant conduire “à des modifications importantes en 2008”.

En novembre, à l’occasion de l’adoption du budget médias, l’Assemblée nationale a rejeté deux amendements visant à augmenter la redevance, actuellement fixée à 116 euros par foyer.

Mardi, le chef de l’Etat a justifié son annonce en affirmant que la télévision publique ne pouvait pas fonctionner “selon des critères purement mercantiles”.

“Voici une révolution qui en changeant le modèle économique de la télévision publique changera du tout au tout la donne de la politique culturelle dans la société de communication qui est la nôtre”, a-t-il dit.

Après cette déclaration, les actions de TF1 et de M6 n’ont cessé de grimper à la Bourse de Paris. A la clôture, TF1 prenait +9,94%, M6 +4,49% et Bouygues, maison mère de TF1, +3,07%.

Un arrêt de la publicité sur les chaînes publiques “créerait évidemment un levier énorme pour les chaînes privées. (…) Compte tenu des liens de TF1 et Bouygues avec le pouvoir en place, on se doutait déjà qu’ils ne seraient pas défavorisés”, a commenté un vendeur d’actions.

M. Sarkozy “renvoie l’ascenseur au privé en saignant le service public”, a dénoncé la CGT de France Télévisions.

Pour Ségolène Royal, ex-candidate PS à la présidentielle, il s’agit d’un “beau cadeau à M. Bouygues, ami de M. Sarkozy”. “Il est totalement irresponsable d’aller proposer la suppression d’une recette sans savoir quelle sera la recette qui viendra garantir le bon fonctionnement du service public”, a-t-elle jugé.

 08/01/2008 18:44:27 – © 2008 AFP