[09/01/2008 07:18:03] NEW YORK (AFP) La crise des “subprimes” a fait une nouvelle victime à la tête des banques américaines, le PDG de Bear Stearns, James Cayne, 73 ans, ayant été forcé mardi de quitter son poste à cause des pertes enregistrées par la banque d’affaires dans des placements hasardeux. Il est remplacé immédiatement par Alan Schwartz, 57 ans, actuel président de la banque. Après le départ de Charles Prince de la direction de Citigroup et le limogeage de Stanley O’Neal chez Merrill Lynch, c’est au tour de James Cayne de rejoindre la liste des patrons sanctionnés pour avoir entraîné le développement débridé de leur établissement sur le marché des produits financiers adossés à des créances hypothécaires à risque (“subprimes”). D’après une étude de la Deutsche Bank, cette crise financière s’est concrétisée en 2007 par des pertes d’une centaine de milliards de dollars pour les banques américaines, sachant que les prêts “subprimes” américains atteignent 1.200 milliards. M. Cayne, directeur général de Bear Stearns depuis 1993, sauve quelque peu les apparences, sous la forme d’un départ en retraite et en restant président du conseil d’administration. Mais comme les autres dirigeants poussés vers la sortie, il n’a pas résisté aux millions de dollars envolés à cause de la crise du secteur des prêts immobiliers à risque. En juin, Bear Stearns avait confronté les marchés financiers aux premiers dégâts chiffrés de cette crise et ouvert le bal d’une avalanche de mauvaises nouvelles dans le secteur bancaire, en devant renflouer à hauteur de 1,6 milliard deux de ses fonds d’investissement. Ces fonds, dont la gestion fait l’objet d’enquêtes de la justice américaine, ont au final perdu quasiment toute leur valeur et cela avait déjà valu, à la fin de l’été, son poste à Warren Spector, adjoint de M. Cayne et figure de haut-rang de la finance. Pour James Cayne, le couperet est tombé fin décembre, quand la banque a affiché la première perte trimestrielle de son histoire, avec un déficit de 854 millions de dollars au quatrième trimestre, trois fois plus élevé que les attentes des analystes, et des dépréciations d’actifs de 1,9 milliard de dollars. L’ensemble des pertes provenaient de sa division obligataire. Ces piètres performances ont logiquement été accompagnées d’un effondrement en Bourse du titre de la banque, au grand déplaisir des actionnaires, toujours prompts à faire du dirigeant le coupable idéal. L’action Bear Stearns a déjà perdu plus de 19% sur les cinq premières séances de l’année 2008, après s’être effondrée de la moitié de sa valeur en 2007. Alors que le groupe n’a livré aucune prévision chiffrée pour les mois à venir et que Wall Street tend encore le dos, craignant de mauvaises nouvelles dans le secteur bancaire, le nouveau directeur général a tenu à afficher son optimisme. “Bear Stearns a un avenir brillant. Nous avons une base solide (…). Bien que l’environnement des opérations ait été difficile, nous sommes partis pour un bon démarrage de 2008”, a affirmé Alan Schwartz, banquier d’investissement surtout connu comme fin stratège dans les opérations de fusions-acquisitions. A peine annoncée l’élévation de M. Schwartz au rang de directeur général, la presse financière voyait dans sa nomination la possibilité d’un rapprochement de Bear Stearns avec un autre groupe, sur lequel spécule le marché depuis plusieurs mois. “Mais le groupe n’a pas encore entamé de discussions sérieuses avec quiconque et aucune proposition de fusion n’a encore été présentée au conseil d’administration”, affirmait le Wall Street Journal, mardi soir sur son site internet, citant une source proche du dossier. |
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