[09/01/2008 12:54:46] PARIS (AFP) Le déficit commercial français s’est nettement creusé en novembre, s’acheminant vers un nouveau record en 2007, rançon du pétrole cher, de l’euro fort, mais aussi d’un manque de compétitivité des entreprises qui assombrit encore les perspectives de croissance. “Plus les mois passent, plus l’on bat des records”, a réagi Marc Touati, directeur des études économiques de Global Equities, jugeant le chiffre de novembre “catastrophique”. Sur le mois, le déficit commercial s’est creusé à 4,792 milliards d’euros, soit 30% de plus que le précédent record, qui datait d’octobre. Sur les douze derniers mois, le déficit cumulé s’établit à près de 38 milliards, rendant désormais le pari du gouvernement d’un déficit de 31,7 milliards d’euros en 2007 impossible à tenir. Pour l’année, plusieurs économistes s’attendent à un déficit record d’au moins 40 milliards d’euros. En novembre, le déficit s’explique à la fois par une baisse des exportations, en recul de 1,8% sur un mois à 33,304 milliards d’euros, et une envolée des importations, en hausse de 1,5%, à 38,096 milliards. Pour le secrétaire d’Etat en charge du Commerce extérieur, Hervé Novelli, “la dégradation est largement liée à la hausse des prix du pétrole”. Le baril de brut a dépassé les 100 dollars et la tendance devrait se poursuivre dans les prochains mois. “Certes la facture énergétique s’est alourdie, mais elle n’explique pas tout, et certainement pas la baisse des exportations”, relativise Alexander Law, économiste chez Xerfi. Egalement en cause, le ralentissement de la croissance mondiale et “le niveau étouffant de l’euro face au dollar”, indique M. Law, pour qui “il faudra s’habituer à un taux de change aussi vigoureux au moins jusqu’au second semestre 2008”. Mais là encore, “la surévaluation réelle de l’euro (…) ne peut servir de bouc-émissaire: les exportations vers l’Union européenne stagnent alors que les importations s’envolent”, relève Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Hervé Novelli le reconnaît: l’aggravation du déficit commercial s’explique aussi par la persistance de “difficultés industrielles et de problèmes structurels”. Selon l’institut Coe-Rexecode, “la part des exportations françaises dans les échanges mondiaux de marchandises a baissé en 8 ans, passant de 5,3% en 1999 à 4% en 2007”. “La France n’est pas assez spécialisée dans les biens d’équipements et les produits high tech et n’exporte pas assez vers la Chine ou l’Europe de l’est, qui sont les zones de forte croissance”, relève Marc Touati. “Symptôme de la baisse de compétitivité française, même les importations de produits pharmaceutiques ont augmenté en novembre, un secteur pourtant censé détenir de solides avantages comparatifs”, note M. Bouzou. Les importations de véhicules sont reparties en hausse. Quant aux ventes d’Airbus, elles n’ont rapporté que 895 millions d’euros en novembre, soit la deuxième plus mauvaise performance depuis août 2006. Au vu de ces chiffres, qui s’ajoutent à une baisse récente de la consommation des ménages, “la croissance du quatrième trimestre est plus que compromise”, estime Alexander Law. Le gouvernement table toujours sur une croissance d’au moins 2% en 2007, une prévision confortée par la récente révision en hausse de la croissance du PIB au troisième trimestre par l’Insee, mais que le ralentissement des exportations pourrait mettre à mal. Les chiffres du commerce extérieur “auront un impact sur la croissance en 2007”, a admis M. Novelli, pour qui cet impact ne serait toutefois pas forcément négatif. En décembre, “des ventes d’Airbus ou des facteurs conjoncturels”, pourraient limiter selon lui le creusement du déficit commercial. |
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