USA : en pleine année électorale, l’économie est peut-être déjà en récession

 
 
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Un ouvrier travaille à la construction d’une maison, le 28 décembre 2007 à San Ramon en Californie (Photo : David Paul Morris)

[09/01/2008 17:26:10] WASHINGTON (AFP) En pleine année électorale, l’économie américaine est peut-être déjà entrée en récession, avertissent les analystes qui ont redoublé d’inquiétude après les très mauvais chiffres de l’emploi.

“Les derniers indicateurs suggèrent que nous sommes à présent en récession, ou que nous le serons très prochainement”, a estimé mercredi la banque Goldman Sachs.

Pour Merrill Lynch, “ce n’est plus une prévision mais une réalité”: “nous sommes effectivement dans le premier mois d’une récession”.

Ce serait la première fois depuis 2001 que l’économie américaine connaîtrait une période prolongée de contraction de la croissance.

Un tel scénario fait régulièrement surface depuis la crise financière de l’été, une partie des analystes avertissant que la crise de l’immobilier finira par entraîner avec elle l’ensemble de l’économie.

Mais cette prévision restait floue et privilégiée par une minorité d’experts. La publication vendredi des chiffres de l’emploi de décembre a changé la donne, en révélant un bond du chômage à 5% de la population active.

En mars, le chômage n’était encore qu’à 4,4%. Or “jamais, au cours des 60 dernières années, on n’a vu le chômage augmenter de 0,6 point sans que l’économie n’entre en récession”, affirme Merrill Lynch.

Au delà du marché de l’emploi, il y a une multitude de sources d’inquiétudes pour les analystes. La crise de l’immobilier n’en finit pas, les prix de l’énergie flambent et les consommateurs ont montré de sérieux signes d’essoufflement à Noël — un gros problème car la consommation assure près des deux-tiers de la croissance.

Du côté des entreprises, l’investissement ralentit et l’activité industrielle a commencé à baisser.

Au delà de la probabilité d’une récession, “toute la question aujourd’hui est d’en connaître la gravité et la durée”, affirment Richard Berner et David Greenlaw de Morgan Stanley.

C’est un point clé en période électorale.

Les économistes tablent pour le moment sur une “récession douce”, avec deux ou trois trimestres de croissance légèrement négative (-0,5% au total, selon Goldman Sachs).

Mais si la crise est plus grave que prévu avec une nouvelle dégradation de l’immobilier par exemple, si le chômage augmente au delà de 6% et que des centaines de milliers de ménages perdent leur logement, comme le prévoient une partie des analystes, il ne fait aucun doute que l’économie jouera un rôle majeur dans la course à la Maison Blanche.

Cela rappellera des souvenirs à certains. En 1992, l’économie sortait tout juste de récession, et Bill Clinton l’avait emporté sur George Bush père en surfant sur le slogan “It’s the economy, stupid!” (c’est l’économie, imbécile!)

Sentant l’ampleur du problème économique, le président George W. Bush compte annoncer à la fin du mois une série de mesures — sans doute des baisses d’impôts — pour relancer la croissance. Les démocrates préparent eux aussi des propositions.

Du côté de la banque centrale, une récession se traduira à coup sûr par de fortes baisses du taux directeur d’ici la fin de l’année (Goldman Sachs parle de 2,5%, contre 4,25% aujourd’hui).

Il faut toutefois souligner qu’une partie des analystes ne croit pas à ce scénario.

“Ce sont des prévisions bien trop pessimistes”, assure Drew Matus de Lehman Brothers, pour qui il faudrait un nouveau choc majeur et imprévu pour déclencher une récession.

Les optimistes soulignent ainsi une série de facteurs — la vigueur des salaires, la forte hausse des dépenses publiques, les baisses de taux déjà décidées par la Réserve fédérale — qui pourraient permettre à l’économie américaine d’échapper au scénario du pire.

 09/01/2008 17:26:10 – © 2008 AFP