Pétrole cher, inflation, menaces de récession : 2008 s’ouvre dans la morosité

 
 
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Des personnes passent devant un tableau indiquant les cours de bourse, le 28 février 2007 à Londres (Photo : Chris Young)

[09/01/2008 19:05:11] PARIS (AFP) L’année 2008 s’ouvre sur une note économique déprimée avec une crise financière qui ne veut pas finir, la crainte d’une récession aux Etats-Unis, un regain généralisé d’inflation et un moral en berne des deux côtés de l’Atlantique.

Dans la zone euro, la confiance des entreprises et des consommateurs est tombée en décembre à son plus bas depuis 21 mois, malgré la baisse du chômage et le moral des ménages français a reculé pour le cinquième mois consécutif.

Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la confiance des ménages et des entreprises accuse également le coup.

Car les mauvaises nouvelles s’accumulent. La Banque mondiale (BM) a indiqué mardi s’attendre à un fort ralentissement de la croissance planétaire cette année à 3,3%, contre environ 5% prévus pour 2007, et n’exclut pas une récession aux Etats-Unis.

Un diagnostic largement partagé: “nous allons avoir un fort ralentissement économique aux Etats-Unis, en zone euro et au Royaume-Uni, le plus important depuis 2001-2002”, estime Stéphane Déo, économiste chez UBS.

Même les gouvernants l’admettent: “Nous allons sans doute avoir de nouvelles indications d’une croissance plus lente dans les semaines et les mois à venir”, a averti lundi le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson.

En Europe, le ton n’est guère plus optimiste: l’année 2008 sera “l’une des plus difficiles pour l’Union européenne” en matière économique, et “plus difficile que 2007”, a prévenu mardi la présidence slovène de l’Union européenne.

Dès le 2 janvier, le pétrole a atteint 100 dollars le baril pour la première fois, augurant d’un carburant cher pour longtemps.

La flambée pétrolière et celle des prix alimentaires ont entraîné un rebond généralisé de l’inflation: aux Etats-Unis, la hausse des prix à la consommation atteint 4,3% en novembre et dans la zone euro, elle a été en décembre de 3,1% sur un an, un plus haut depuis six ans.

“On avait oublié l’existence de l’inflation tant la Banque centrale européenne avait bien fait son travail depuis quatre ans, alors qu’on avait déjà une hausse prix des matières premières”, remarque Frederik Ducrozet, économiste du Crédit Agricole.

Pour lui, l’inflation, plus que la crise financière, explique la baisse du moral des ménages car elle est “plus vite ressentie sur le porte-monnaie”.

Parallèlement, la crise du marché du crédit, sur lequel les banques se prêtent des fonds entre elles, est loin d’être terminée.

“Une crise monétaire qui se prolonge plus de quatre mois, on n’a jamais vu ça, et cette durée représente un risque majeur pour les banques”, avec des répercussions possibles sur toute l’activité économique, estime Frederik Ducrozet.

Cette morosité atteint les marchés boursiers, en repli par rapport à la fin 2007: Mercredi, Paris et Londres avaient perdu 2,9% depuis le 2 janvier, Francfort plus de 3,4% et Wall Street 4,5%.

Frederik Ducrozet relativise toutefois la déprime ambiante: “nous ne croyons pas à une récession américaine, ce qui nous fait tabler aussi sur une bonne résistance en zone euro”.

Stéphane Déo rappelle toutefois que le risque de récession aux Etats-Unis est évalué à environ 40% et n’envisage que 1,6% de croissance en zone euro en 2008 après 2,5% en 2007.

L’inflation devrait selon lui s’atténuer vers la mi-2008, notamment sous le coup d’une hausse moins brutale des prix pétroliers, mais elle fait courir “un risque important sur le pouvoir d’achat, une autre raison pour être prudent, pour pas dire pessimiste, pour les mois à venir”, conclut-il.

 09/01/2008 19:05:11 – © 2008 AFP