[10/01/2008 14:50:52] LONDRES (AFP) Le Royaume-Uni a autorisé jeudi la construction de nouvelles centrales nucléaires malgré l’opposition des écologistes, un marché qui intéresse plusieurs groupes français, dans un pays où moins d’un cinquième de l’électricité vient du nucléaire contre près de 80% en France. “Le gouvernement estime qu’il est dans l’intérêt général que de nouvelles centrales nucléaires jouent un rôle dans l’offre énergétique future du pays, au côté d’autres énergies à faibles émissions de CO2, et qu’il est dans l’intérêt général de permettre aux compagnies d’énergie d’investir dans de nouvelles centrales nucléaires”, a déclaré le secrétaire d’Etat aux entreprises, John Hutton. Il a fait valoir devant le Parlement que le nucléaire, qualifié d’énergie “sûre, propre et abordable”, aidera le Royaume-Uni à répondre “au double défi” d’assurer son approvisionnement futur en énergie et de lutter contre le réchauffement climatique. Actuellement, environ 18% de l’électricité consommée en Grande-Bretagne est produite par une dizaine de centrales nucléaires datant des années 1960 et 1970. D’où la nécessité pour le gouvernement de Gordon Brown de préparer dès maintenant leur remplacement, alors que les ressources fossiles comme le pétrole et le gaz, en plus de leur caractère très polluant, deviennent de plus en plus chères et qu’il semble illusoire de se reposer uniquement sur des énergies renouvelables encore trop coûteuses et insuffisamment avancées. Le gouvernement, qui s’est engagé à relever fortement la part des énergies “vertes” comme l’éolien, ne prévoit cependant pas de fixer d’objectifs chiffrés de répartition de la future production énergétique entre le nucléaire et les autres ressources. Les producteurs d’énergie devront financer la construction, l’exploitation et le démantèlement ultérieur de ces nouvelles centrales nucléaires, et le premier nouveau réacteur devrait être assemblé “bien avant” 2020, a précisé M. Hutton. Plusieurs groupes d’électricité et d’infrastructures énergétiques sont déjà sur les rangs, comme British Energy, qui exploite les centrales actuelles, l’allemand EON, sans oublier les français Areva et EDF qui ont proposé de construire en commun quatre à six réacteurs EPR. Le feu vert du gouvernement était largement attendu. Il s’était déjà prononcé en faveur d’une relance de cette forme d’énergie controversée en 2006, sous l’ancien Premier ministre Tony Blair, mais la justice avait invalidé la procédure de débat public préalable, l’obligeant à rouvrir une consultation. Parallèlement, le ministère de l’Environnement a annoncé que le gouvernement proposera dans un livre blanc à publier au printemps l’enfouissement à long terme des déchets hautements radioactifs, cette solution ayant selon lui l’appui de la majorité des citoyens. M. Brown, à la popularité mal en point et qui entend montrer par son choix en faveur du nucléaire qu’il est prêt à prendre “des décisions difficiles pour l’avenir du pays”, s’est attiré un vent de critiques de la part des défenseurs de l’environnement, Greenpeace en tête. L’ONG, qui a appelé le gouvernement à investir dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie au lieu d’autoriser les entreprises à engloutir des milliards dans une technologie selon elle dépassée, s’est dite prête à lutter “à tous les niveaux” contre cette décision. |
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