USA : contre la récession, Bernanke annonce de nouvelles baisses de taux

 
 
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Le président de la Fed Ben Bernanke, à Washington, le 14 novembre 2007 (Photo : Chip Somodevilla)

[10/01/2008 19:33:57] WASHINGTON (AFP) Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, a clairement annoncé jeudi que la Fed allait de nouveau baisser son taux directeur, et de façon sans doute importante, pour éviter à la première économie mondiale de tomber en récession.

“Au vu des récents changements de perspectives économiques et des risques pour la croissance, des mesures de baisse des taux supplémentaires pourraient bien être nécessaires”, a estimé M. Bernanke dans un discours à Washington.

Il a souligné que la Fed “ne prévoiyait pas de récession pour le moment” mais une période de “croissance lente”. Cependant, elle “se tient prête à prendre, si nécessaire, d’importantes mesures supplémentaires pour soutenir la croissance”, a-t-il ajouté.

Les marchés ont accueilli ce discours avec soulagement en repassant immédiatement dans le vert. A la Bourse de New York, le Dow Jones prenait ainsi 0,15% à 12.755,55 points, vers 18H45 GMT.

Les investisseurs attendaient en effet un geste de la Fed après la publication, vendredi, d’un très mauvais rapport sur l’emploi qui a donné corps au scénario d’une récession.

Plusieurs banques ont nourri ces inquiétudes en pronostiquant elles aussi une contraction du Produit intérieur brut pendant deux à trois trimestres.

Face à ces risques, les experts estiment que la Fed devra abaisser ses taux d’un demi-point dès la prochaine réunion, les 29 et 30 janvier, et qu’elle pourrait ensuite avoir à descendre jusqu’à 2,5% voire plus bas.

Le taux directeur de la Fed est actuellement fixé à 4,25%.

Cette annonce contraste avec le ton “haussier” adopté en parallèle par le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui a maintenu jeudi son taux à 4% et a insisté sur les risques d’inflation.

La Fed aussi va elle aussi rester “exceptionnellement alerte et flexible”, a assuré M. Bernanke. Mais de ce côté de l’Atlantique c’est pour “contrer toute dynamique négative qui menacerait la stabilité économique ou financière” — donc baisser ses taux.

Et cela pourrait arriver plus vite que prévu, notent certains analystes.

“L’emploi du mot +alerte+ devrait en temps normal indiquer une baisse des taux entre les réunions prévues au calendrier”, a estimé Stephen Gallagher de la Société Générale.

Revenant sur l’état de l’économie, M. Bernanke a souligné la dégradation récente des perspectives de croissance pour 2008 et jugé “décevant” le dernier rapport sur l’emploi, qui a fait ressortir un bond du chômage à 5% de la population active en décembre, contre 4,7% en novembre.

Même si un rapport isolé ne constitue pas une tendance, “si le marché du travail se détériorait, les risques pesant sur les dépenses de consommation augmenteraient”, a-t-il estimé.

L’autre grande inconnue pour la croissance est la détérioration des marchés financiers qui “continue de poser un risque pour les perspectives de croissance”, a ajouté M. Bernanke.

En effet toute mauvaise nouvelle économique ou financière risque d’augmenter les pressions financières et de restreindre encore l’accès au crédit.

Le patron de la banque centrale a toutefois souligné combien il était difficile de naviguer dans un environnement associant croissance faible et pressions inflationnistes.

“Dans les mois à venir, nous allons suivre de près l’évolution de l’inflation, notamment en ce qui concerne les attentes” en la matière, a-t-il assuré.

 10/01/2008 19:33:57 – © 2008 AFP