Chine : un nouvel excédent commercial en 2007, nouvelles pressions attendues

 
 
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Construction d’un nouveau quartier d’affaires, à Pékin, le 30 décembre 2007 (Photo : Teh Eng Koon)

[11/01/2008 08:53:05] PEKIN (AFP) L’excédent commercial de la Chine a encore bondi de près de 50% en 2007, engrangeant un nouveau record qui ne manquera pas d’alimenter les pressions en faveur d’un yuan plus fort.

Le deuxième exportateur mondial a enregistré un excédent commercial de 262,2 milliards de dollars (plus de 178 milliards d’euros), en hausse de 47,7% par rapport à 2006, selon un communiqué des douanes publié vendredi.

Ses échanges avec l’étranger ont totalisé 2.17O milliards de dollars “dépassant pour la première fois les 2.000 milliards”, ont noté les douanes.

En fait, depuis son adhésion fin 2001 à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), “le rythme d’accroissement des échanges extérieurs est resté de plus de 20% chaque année”, soulignent-elles.

Sur ces six ans, la Chine a aussi vu son excédent commercial plus que décupler: il était de 22,55 milliards en 2001.

L’an dernier, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) avait estimé qu’à ce rythme, la Chine pourrait devenir le premier exportateur mondial d’ici à 2009.

Cette progression foudroyante a contribué à faire du pays asiatique la quatrième économie de la planète et peut-être, d’ores et déjà, la troisième.

Mais elle s’est aussi accompagnée d’une montée des griefs chez ses premiers partenaires commerciaux, l’Europe et les Etats-Unis, lassés de voir inversement se creuser leurs propres déficits.

Américains et Européens ont exercé ces dernières années de multiples pressions sur Pékin pour obtenir des échanges plus équitables.

Cristallisant leurs critiques, la sous-évaluation du yuan est devenue le leitmotiv des forums économiques occidentaux, un thème récurrent au Congrès américain, et plus récemment, une source de vives critiques de l’Union européenne, dont les plus hauts responsables économiques sont venus en délégation en 2007 plaider pour un effort de Pékin.

“Le conflit sino-américain sur le yuan s’est élargi aux relations sino-européennes. Les responsables européens en parlent à chacune de leurs visites en Chine. C’est un problème grave”, souligne Ma Qing, économiste du groupe CEB Monitor.

Il faut dire que si le yuan s’apprécie progressivement face au billet vert, lui-même faible, il suit un chemin contraire face à l’euro.

Depuis sa réévaluation de juillet 2005, la monnaie chinoise a gagné plus de 11,5% contre le dollar.

Elle en a perdu quelque 7% face à l’euro, ce qui rend encore plus compétitives les exportations du géant asiatique vers le Vieux Continent.

L’économiste de Standard Chartered, Stephen Green, se dit ainsi désormais “beaucoup plus réceptif à l’idée que l’accélération des exportations vers l’Europe est liée à la dépréciation du yuan face à l’euro au cours de l’année écoulée”, même s’il note que “jusqu’à présent, l’appréciation du yuan (face au dollar) n’a pas encore d’effet sur les exportations”.

Elle pourrait en avoir en 2008, se conjuguant avec le ralentissement de l’économie américaine, pour freiner les exportations vers les Etats-Unis, estiment l’ensemble des économistes.

Globalement, “l’excédent va continuer de croître mais plus lentement”, affirme Qiu Qingdong, de Guodu Securities, à l’instar de nombreux analystes.

Cela ne devrait pas pour autant atténuer les tensions, notamment avec Washington, en cette année électorale aux Etats-Unis, estime Xing Weiwei de China Jianyin Investment Securities.

“Les Etats-Unis ont besoin d’un bouc-émissaire, alors que leur économie ralentit. Avec l’élection ils vont encore se tourner vers la Chine et le yuan”, ajoute Ma Qing.

 11/01/2008 08:53:05 – © 2008 AFP