[11/01/2008 18:20:39] WASHINGTON (AFP) Les prix record du pétrole ont fait bondir le déficit commercial des Etats-Unis de 9,3% en novembre pour le porter à 63,1 milliards de dollars, une mauvaise nouvelle de plus pour une économie flirtant avec la récession. C’est le niveau le plus élevé depuis septembre 2006, et une déception pour les analystes qui tablaient sur 59,5 milliards seulement. “Ce creusement supérieur aux attentes pourrait provoquer un ralentissement de la croissance encore plus marqué que prévu au quatrième trimestre”, a averti l’économiste indépendant Joel Naroff. Au delà, “je suis toujours convaincu qu’une récession est évitable, mais cela serait très difficile avec une détérioration de la balance commerciale”, a-t-il ajouté. Les analystes comptaient beaucoup sur la vigueur de la balance commerciale pour soutenir la croissance et éviter peut-être la récession. Aussi la Bourse de New York, déjà déprimée par la perspective de nouvelles dépréciations d’actifs liées à la crise du “subprime”, était-elle en nette baisse en milieu de journée: l’indice Dow Jones perdait plus de 1% vers 16H00 GMT. Au total, les importations ont progressé de 3% à 205,4 milliards de dollars en dollars en novembre et les exportations de 0,4% à 142,3 milliards. La dégradation des comptes s’explique avant tout par la flambée des cours du pétrole, le prix à l’importation du baril atteignant un record à 79,65 dollars. “La cherté de l’énergie empêche toujours le déficit commercial de s’améliorer”, a estimé Sal Guatieri de BMO Financial Markets. Le pétrole est devenu un vrai casse-tête pour l’économie américaine, car il pèse sur la consommation des ménages, principal moteur de la croissance, et menace de faire dérailler l’inflation. En 2007, les prix à l’importation de l’or noir ont augmenté de 50%, a révélé vendredi le département du Travail. Autre problème récurrent et bien connu de la balance commerciale: la dépendance vis-à-vis de la Chine, qui a représenté un tiers du déficit total en raison d’importations proches de leurs niveaux records. Mais il n’y a pas que les importations qui posent problème. A l’heure du dollar faible, “il est préoccupant de constater qu’il y a eu un ralentissement de la croissance des exportations”, note John Lonski de Moody’s Investors Service. La balance commerciale a souffert d’un recul des ventes d’avions commerciaux, le contre-coup de la forte activité affichée par Boeing le mois précédent. Au total les exportations de biens d’équipement ont reculé de 903 millions de dollars. Ce ralentissement “laisse penser que la demande étrangère ne sera pas assez forte pour empêcher l’économie américaine de tomber en récession”, ajoute M. Lonski, pour qui il est “hautement probable” que l’évolution du Produit intérieur brut sera négative au premier trimestre. “Une partie du malaise américain est peut-être en train de contaminer les autres économies des pays développés”, ajoute-t-il. Si la demande extérieure se met à faiblir, les autorités américaines devront trouver le moyen de doper la demande intérieure. Cela renforce le scénario d’une nette baisse du taux directeur de la banque centrale –probablement d’un demi-point– lors de sa prochaine réunion, les 29 et 30 janvier, notent les analystes. Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke avait affirmé jeudi que la banque centrale était prête à des baisses de taux “importantes” pour contrer le ralentissement économique. Le taux directeur a déjà été réduit d’un point depuis l’été et il se trouve actuellement à 4,25%. |
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