[12/01/2008 14:36:45] PARIS (AFP) Le partenariat que Total, Suez et Areva s’apprêtent à annoncer pour proposer deux réacteurs EPR aux Emirats arabes unis marque l’entrée concrète du groupe pétrolier dans le nucléaire, une ambition qu’il affiche depuis neuf mois. Cet accord souligne aussi l’engagement, sans attendre sa fusion avec Gaz de France, de Suez dans la technologie de troisième génération, à l’instar de son concurrent EDF, qui vient de lancer le chantier d’un EPR à Flamanville (Manche). Les trois groupes énergétiques ont conclu vendredi “un partenariat exclusif en vue de construire, puis d’exploiter deux réacteurs nucléaires de troisième génération dans l’émirat”, a révélé le quotidien Les Echos sur son site internet. L’accord “devrait être officialisé dans les prochains jours”, a-t-on appris samedi de sources concordantes. Il coïncide avec la visite de Nicolas Sarkozy dans trois monarchies du Golfe: l’Arabie saoudite dimanche, le Qatar lundi et les Emirats arabes unis mardi, et constitue “le fruit d’un longue négociation entamée à la demande des Emiratis eux-mêmes”, précisent Les Echos. Un accord de coopération en matière de nucléaire civil doit même être signé mardi entre la France et les Emirats, a-t-on indiqué vendredi à l’Elysée. Si le partenariat entre Areva et Suez peut s’entendre comme l’association d’un fabricant de réacteurs et d’un exploitant de centrales, le rôle de Total, inédit dans ce secteur, est moins clair sauf à marquer son engagement concret dans l’énergie atomique. Le groupe pétrolier avait indiqué en mai 2007 mener une “réflexion” sur un développement dans le nucléaire, une source d’énergie qui ne dégage pas de gaz à effets de serre contrairement au pétrole, même si les hydrocarbures “demeurent une priorité” pour le groupe. Le quatrième groupe pétrolier mondial dit vouloir “participer activement” à la lutte contre le réchauffement climatique. Son patron Christophe de Margerie n’avait pas non plus exclu, en novembre, d’augmenter sa participation dans le capital d’Areva, dont il détient actuellement 1,02%. Mais il avait souligné que son intention était de “faire des investissements comme opérateur” et non pas comme simple “financier”. Total apportera au moins à Areva sa connaissance du Moyen-Orient, où il est historiquement très présent. Aux Emirats, Total produit 15.000 barils équivalent pétrole par jour. Le fait que des grands pays pétroliers s’intéressent au nucléaire pour leurs besoins électriques constitue “un changement déterminant dans le paysage énergétique mondial”, soulignait vendredi un porte-parole d’Areva, leader mondial du secteur. Plusieurs pays méditerranéens comme le Maroc, la Libye ou l’Algérie, ont souhaité ces derniers mois construire des réacteurs nucléaires, ouvrant l’appétit de beaucoup d’entreprises. Areva souhaite fabriquer un tiers des 100 à 300 réacteurs nucléaires qui seront construits dans le monde d’ici 2030. Suez compte, d’ici 2020, être co-propriétaire et exploitant de centrales nucléaires de troisième génération. Mais la décision sur le lieu de l’investissement ne devait être prise qu’après la fusion avec GDF, prévue d’ici juin. Premier producteur d’électricité dans le Golfe, Suez y exploite cinq centrales – non nucléaires – d’une puissance totale de 8.200 mégawatts. En Belgique, il exploite sept réacteurs nucléaires de deuxième génération. Suez est déjà associé à Total aux Emirats dans une usine de cogénération (gaz et vapeur) et de dessalement d’eau de mer à Taweelah, “qui doit croître en capacité prochainement”, selon Total. |
||
|