[13/01/2008 15:04:34] NAIROBI (AFP) Parkings de supermarchés bondés et queues aux caisses, une “panique d’achat” a saisi ce week-end les habitants de la capitale kényane, avant de probables nouveaux troubles politico-ethniques. “Je vais acheter ce qui peut nous permettre de tenir deux semaines”, confie ainsi Grace. “Il y a beaucoup de +panique d’achat” depuis samedi, constate David Muturi, directeur adjoint du supermarché Nakumatt Westgate, le deuxième plus gros magasin de la chaîne Nakumatt dans le pays. “Les gens affluent (…). Nous avons eu 3.000 clients hier (samedi), c’est plus que d’habitude”, déclare-t-il à l’AFP dimanche. Le chef de l’opposition kényane Raila Odinga, qui rejette la réélection de Mwai Kibaki, a appelé à des manifestations les 16, 17 et 18 janvier, interdites par la police. Les violences post-électorales ont déjà fait plus de 700 morts et 255.000 déplacés dans le pays. Autre source d’anxiété pour les Kényans: la réouverture des écoles lundi et l’ouverture du Parlement mardi en pleine crise politique. “Je vais acheter de la farine, du sucre, des haricots, ce qui nous permettra de tenir deux semaines jusqu’à ce qu’on sache où la situation nous mènera”, confie Grace Otieno, comptable de 45 ans, avant d’entamer ses courses dans le supermarché de la chaîne Uchumi, dans le centre commercial Sarit Center à Westlands (centre de Nairobi), envahi par le brouhaha des caddies et des caisses. Dans le même centre, Cosmas Mbugua, un ingénieur, vient de retirer plus d’argent que de coutume à un distributeur. “La situation est très incertaine (…), on s’attend à des troubles”, lance-t-il l’air fatigué: “Nous Kényans, on n’est pas habitués au chaos post-électoral”. Emos Soul, employé de la Croix-Rouge kényane, a décidé de “compléter ses stocks” en remplissant son chariot notamment de lait en poudre, de légumes séchés, de farine et de barres de savon. “Il y aura des troubles (la semaine prochaine), sans aucun doute”, dit-il sur un ton fataliste. Les supermarchés de la capitale ont été en général bien réapprovisionnés depuis les jours d’émeutes et de blocage ayant suivi l’annonce le 30 décembre de la réélection de M. Kibaki. Mais les rayons d’hygiène, d’huile et surtout de fruits et légumes font toujours triste mine. “La demande pour les fruits et légumes est plus importante que ce que nous pouvons obtenir de nos fournisseurs locaux (…), tout est paralysé dans les régions (notamment la Vallée du Rift, très touchée par les violences) où les fournisseurs achètent ces produits”, explique M. Muturi. Au Nakumatt Westgate, un amoncellement de matelas, de paquets de sucre et de farine, de couvertures bloquent l’entrée. Ces produits sont des dons de clients en faveur des déplacés. Le montant des dons “est considérable (…), la réponse des Kényans est importante”, se félicite Samuel Kirubi, 32 ans, manager de l’Uchimi à Westlands qui mène la même opération. Il qualifie la situation dans son supermarché de “calme relatif”. Au rez-de-chaussée du Sarit Center, cette frénésie contraste avec les allées désertées d’une boutique de souvenirs africains généralement assaillie à cette période par les touristes, qui ont en majorité annulé leurs séjours au Kenya. “Nous n’avons pas atteint la moitié du chiffre d’affaires comparé à janvier l’année dernière, c’est grave”, lâche Amos Otieno, employé de cette boutique de commerce équitable. |
||
|