[14/01/2008 18:25:41] WASHINGTON (AFP)
Le constructeur aéronautique européen EADS, la maison-mère d’Airbus, a proposé lundi de délocaliser aux Etats-Unis l’assemblage de la version cargo de son A330, pour convaincre le Pentagone de lui octroyer le juteux contrat des avions ravitailleurs. “Il s’agit véritablement d’une annonce historique, aux implications très profondes”, a commenté le président de l’avionneur toulousain, Thomas Enders, lors d’une cérémonie à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis). Le géant européen de l’aéronautique et de la défense est en compétition avec son éternel rival Boeing pour le contrat des avions ravitailleurs de l’armée de l’Air américaine, évalué entre 30 et 40 milliards de dollars. Le KC-30, l’avion ravitailleur proposé par EADS au Pentagone, est dérivé de son A330, un appareil gros porteur bimoteur. “Le choix du KC-30 par l’armée de l’Air américaine fournira non seulement l’avion ravitailleur militaire le plus efficace, mais permettra également la création de la plus vaste chaîne d’assemblage d’avions commerciaux aux Etats-Unis depuis 40 ans, et la première du genre pour Airbus aux Etats-Unis”, a poursuivi M. Enders.
EADS n’a pas précisé si la totalité de la production de l’A330 cargo, qui a fait l’objet de 66 commandes sur les douze derniers mois, serait transférée outre-Atlantique. Il a simplement indiqué que quatre appareils, avions ravitailleurs compris, pourraient sortir des chaînes de Mobile chaque mois, à partir de “fin 2008”, et que 300 emplois directs seraient créés. Cette annonce, qui intervient deux semaines avant le verdict de l’armée de l’air américaine, marque une offensive commerciale majeure de la part de la maison-mère d’Airbus, et une occasion pour le constructeur européen, pénalisé par la force de l’euro, d’accroître sa production en zone dollar. “C’est en ligne avec la stratégie de mon groupe de s’internationaliser davantage (…) d’allouer davantage de travail dans la zone dollar”, a expliqué M. Enders lors d’un entretien à CNBC. Début décembre, Louis Gallois, le président exécutif d’EADS, avait fait part de son intention de délocaliser une partie de la production d’Airbus en zone dollar. “Je crois malheureusement qu’il ne faut plus employer le conditionnel : il ne faut pas dire il faudrait, il faut dire il faudra, parce que nous n’avons pas le choix”, avait-il dit. L’euro oscillait entre 1,48 et 1,49 dollar, lundi, non loin de son record. C’est la deuxième fois que le constructeur européen propose de délocaliser sa production hors d’Europe, a rappelé M. Enders, dans son discours. Mi-mai, Airbus, en pleine restructuration, avait lancé la construction d’une usine d’assemblage du moyen-courrier A320 en Chine, une réorientation stratégique qui suscite l’inquiétude des syndicats européens. L’annonce faite lundi constitue aussi une surenchère tactique majeure dans la course aux avions ravitailleurs, un marché qui pourrait atteindre 200 milliards de dollars à terme, et a déjà fait l’objet de maints rebondissements. Boeing, qui s’était vu attribué le contrat lors de l’appel d’offre initial, avait vu sa commande cassée après que d’importantes irrégularités eurent été mises au jour. Le concurrent américain d’EADS a déjà contre-attaqué: quelques heures avant que le groupe européen n’officialise son offre, qui avait déjà filtré dans le Wall Street Journal, lundi, Boeing a rendu public une étude indiquant que son ravitailleur était moins gourmand en carburant que celui d’Airbus. Le verdict de l’Air Force est attendu autour du 31 janvier, selon Northrop Grumman, le partenaire américain d’EADS dans cette compétition. |
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