[15/01/2008 17:07:00] PARIS (AFP) Le taux d’inflation a atteint 2,6% en décembre en France, sous la pression continue des prix de l’énergie et de l’alimentation, un niveau encore tolérable mais qui justifie les craintes des Français pour leur pouvoir d’achat. Les prix à la consommation en France ont progressé de 0,4% le mois dernier par rapport à novembre, soit une hausse de 2,6% par rapport à décembre 2006, un record depuis mai 2004, a annoncé mardi l’Insee. “Toutefois, sur l’ensemble de l’année, les prix ont été très sages. En moyenne en 2007, l’inflation s’est établie à 1,5%, soit la plus faible progression depuis 1999”, tempère Alexander Law, économiste de Xerfi. Ce taux moyen relativement modéré sur l’ensemble de 2007 est principalement dû à une inflation très faible en début d’année. Et il explique pourquoi les statistiques officielles “s’obstinent à indiquer que le pouvoir d’achat a été particulièrement dynamique l’année passée”, indique M. Law. L’accélération de l’inflation au dernier trimestre 2007 (2,3% en moyenne d’octobre à décembre) “a mécaniquement pesé sur l’évolution du pouvoir d’achat”, qui est même assuré de reculer sur cette période si l’on prend en compte le seul salaire moyen brut, estime Mathieu Kaiser, économiste chez BNP-Paribas. Et même si l’on regarde l’ensemble du revenu disponible brut (RDB) des ménages –qui inclut notamment les prestations sociales et constitue l’indicateur de référence de l’Insee– “on ne peut envisager au mieux qu’une hausse marginale en termes de pouvoir d’achat (+0,2% d’un trimestre sur l’autre)”, poursuit M. Kaiser. “Les craintes des ménages quant à leur pouvoir d’achat, qui ont fait chuter leur confiance durant le quatrième trimestre, étaient donc justifiées”. “Si l’hyper-inflation n’est toujours pas à l’ordre du jour, il faut tout de même reconnaître que les dangers qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages n’ont jamais été aussi forts depuis plus de quinze ans”, renchérit Marc Touati, directeur des études économiques de Global Equities. Selon les économistes, il faut remonter à 1992 pour observer une inflation mensuelle supérieure à 2,6%. L’accélération des prix s’explique principalement par l’envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation. Si l’on exclut ces deux postes, l’inflation n’est que de 1,8% en décembre. “Malheureusement, les produits dont les prix augmentent le plus sont ceux du quotidien (énergie, alimentaire, loyer), c’est-à-dire qui représentent une part importante dans les dépenses des ménages les plus modestes. D’où une exacerbation des difficultés pour ces derniers”, ajoute Marc Touati. Après une envolée en novembre (+4,1% par rapport à octobre), les prix de l’énergie retrouvent un rythme plus modéré, progressant de 0,5% sur un mois en décembre. Leur hausse sur un an atteint toutefois 10,6%, et 17,1% pour les seuls produits pétroliers, selon l’Institut national de la statistique. En rythme annuel, la progression de l’alimentation atteint quant à elle 3,1% en décembre, et 3,4% en ce qui concerne les loyers. La hausse des prix se retrouve également dans la grande distribution, où les produits ont augmenté de 0,8% sur un mois et de 2,3% sur un an. “De nombreux Français effectuent la quasi-totalité de leurs emplettes hebdomadaires dans les grandes surfaces : toute hausse des prix y est donc particulièrement visible, d’où le sentiment marqué d’une érosion du pouvoir d’achat”, note Alexander Law. La tendance à la hausse des prix ne devrait pas s’inverser prochainement, comme l’a reconnu récemment la ministre de l’Economie Christine Lagarde, l’Insee prévoyant un pic à 3,0% en février. |
||
|