La banque Citigroup, dans le rouge, se renfloue en Asie, Merrill Lynch aussi

 
 
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La tour de la banque Citigroup à New York (Photo : Don Emmert)

[15/01/2008 20:13:40] NEW YORK (AFP) Victimes de la crise des crédits immobiliers, la banque américaine Citigroup, lourdement déficitaire au 4e trimestre, et sa rivale Merrill Lynch, qui risque aussi d’annoncer des pertes colossales jeudi, ont à nouveau dû se faire renflouer par des investisseurs venus d’Asie.

Citigroup, la première banque américaine par les actifs, a perdu près de 10 milliards de dollars au 4e trimestre, sa première perte depuis sa création en 1998 par la fusion de Citicorp et du Traveler’s Group de la famille Weill.

Principale raison: la banque a dû dévaluer son portefeuille d’actifs de 18,1 milliards de dollars, pour refléter la perte de valeurs des crédits hypothécaires accordés à des ménages incapables de rembourser.

Des pertes deux fois plus importantes que celles attendues par les marchés, qui ont fait encore chuter son action en Bourse mardi et poussé l’agence de notation Standard and Poor’s à abaisser sa notation.

Plus inquiétant encore, les pertes de Citigroup ont été aussi creusées par une hausse de 3,3 milliards des provisions pour créances douteuses passées sur des prêts à la consommation, où les défauts de paiement augmentent.

Pour atténuer l’impact de ces pertes, Citigroup a aussitôt annoncé avoir obtenu pour 12,5 milliards d’argent frais, en vendant des actions à un groupe d’investisseurs, pour la plupart étrangers, à l’occasion d’un placement privé.

En tête le fonds du gouvernement de Singapour qui a apporté 6,88 milliards et acquis ainsi près de 4% de son capital. Ce même fonds avait déjà renfloué la banque suisse UBS à hauteur de 10 milliards de dollars en décembre.

Les autres importants pourvoyeurs de liquidités sont le fonds souverain du Koweit (Kuwait Investment Authority) et le prince saoudien al-Walid bin Talal, déjà premier investisseur individuel de la banque.

Figurent aussi la division d’investissement du New Jersey, les fonds d’investissement Capital Research Global Investors, Capital World Investors, ainsi que l’ancien PDG Sanford Weill et sa famille, qui marque sa confiance dans le nouveau PDG Vikram Pandit, arrivé en décembre.

Citigroup a enfin complété son refinancement en annonçant une émission d’actions en bourse d’un montant de 2 milliards de dollars.

C’est le second plan de renflouement de Citigroup en trois mois: fin novembre, la banque avait déjà obtenu 7,5 milliards du fonds de l’émirat d’Abou Dhabi, qui avait pris ainsi 4,9% de son capital.

Pour réduire ses coûts, la banque a par ailleurs décidé de réduire de 40% son dividende trimestriel, à 32 cents, de vendre quelques actifs, et de durcir encore ses conditions d’octroi de crédits.

Elle a également réduit ses effectifs de 4.200 personnes au 4e trimestre, sur un total de 320.000 salariés.

De son côté Merrill Lynch, qui publie ses résultats jeudi avec des pertes attendues de plusieurs milliards, a pris les devants: elle a annoncé mardi une injection d’argent frais de 6,6 milliards de dollars, fournis par les fonds sud-coréen Korean Investment Corporation et koweitien Kuwait Investment Authority, ainsi que par la banque japonaise Mizuho.

Pour Merrill Lynch, il s’agit aussi d’un second “round” de refinancement. En décembre déjà, la banque s’était fait renflouer par un fonds de Singapour, Temasek, à hauteur de 5 milliards de dollars, et par le gestionnaire américain de fonds de placement Davis, pour 1,2 milliard de dollars.

Ces divers plans n’ont pas empêché les titres des deux grandes banques de dégringoler mardi: vers 16h00 GMT Citigroup perdait 6,5% et Merrill Lynch 3%. Depuis octobre, l’action Citigroup a perdu plus de 40%.

Les actionnaires de Citigroup commencent à d’ailleurs protester: mardi, le CtW Investment Group, qui conseille des gros fonds de pensions, a demandé aux cinq administrateurs de Citigroup de s’expliquer.

 15/01/2008 20:13:40 – © 2008 AFP