[15/01/2008 22:17:25] LONDRES (AFP) Les actionnaires de Northern Rock ont infligé mardi un désaveu partiel à la direction de la banque en crise, mais qui ne devrait guère avoir de conséquences sur son avenir, en approuvant l’une des quatre mesures visant à limiter son pouvoir proposées par deux fonds. Des quatre résolutions proposées par les fonds d’investissement SRM Global et RAB Capital, détenteurs à eux deux d’environ 18% du capital du groupe, et qui visaient à réduire considérablement les pouvoirs de la direction en l’interdisant notamment de céder des actifs significatifs sans le feu vert des actionnaires, une seule a été adoptée lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée dans son fief de Newcastle (nord-est de l’Angleterre). Cette résolution, qui ne nécessitait l’obtention que de la moitié des voix, contrairement aux autres qui avaient besoin de trois-quarts des voix pour être validées, interdit à la direction de procéder à une augmentation de capital supérieure à 5 millions de livres. Pas de quoi entraver matériellement l’action de la direction, qui se considère désormais libre de continuer le processus de recherche d’un repreneur auquel elle se consacre depuis des mois, et pourra si elle le juge nécessaire céder des pans entiers de l’activité du groupe sans en référer aux porteurs d’actions. Les quatre résolutions proposées par SRM et RAB ont cependant toutes reçues autour de 66% des voix, signe d’un mécontentement certain d’une grande partie des actionnaires vis-à-vis de la stratégie du groupe. Mais d’autres résolutions présentées cette fois-ci par le conseil d’administration, et qui prévoyaient la reconduction des dirigeants actuels, sont passées avec plus de 90% de votes favorables, de quoi soulager le président Bryan Sanderson et le directeur général Andy Kuipers, récemment recrutés pour tenter de sauver l’entreprise de la faillite. Ces derniers ont essayé de rassurer des actionnaires, en particulier des petits porteurs de la région de Newcastle, très inquiets pour l’avenir d’un groupe qui symbolisait autrefois la réussite de toute une région. M. Sanderson a ainsi affirmé lors de l’AG qu’il espérait toujours parvenir à négocier une reprise du groupe par une société privée, bien que l’hypothèse d’une nationalisation paraisse de plus en plus probable. Ces négociations devraient aboutir d’ici la mi-février. Deux consortiums privés, l’un dirigé par le conglomérat Virgin et l’autre par un ancien patron de la banque Abbey, souhaitent reprendre Northern Rock, qui avait frôlé la faillite en septembre dans la sillage de la crise financière de l’été, et qui vit depuis sous perfusion de la Banque d’Angleterre (BoE) et avec la garantie du Trésor public. Mais la banque doit désormais quelque 26 milliards de livres à la BoE (soit près de 35 milliards d’euros), ce qui fait craindre que ces deux consortiums ne puissent réussir à financer leurs offres de reprise et que le gouvernement ne soit conduit à en prendre le contrôle. Le gouvernement a d’ailleurs désigné récemment Ron Sandler, une ancienne figure de la City, pour prendre la tête de l’entreprise en cas de passage éventuel dans le secteur public. Mardi soir, le Premier ministre britannique Gordon Brown a confirmé que son gouvernement envisageait de nationaliser Northern Rock dans une interview accordée à la chaîne ITV. Il a ainsi estimé qu’un “certain nombre” de sociétés privées ayant manifesté leur intérêt pour une prise de contrôle du groupe bancaire en crise, sa nationalisation pouvait s’avérer nécessaire afin de protéger l’économie britannique. “L’enjeu étant la stabilité, nous envisagerons chaque option, y compris nationaliser la société et la privatiser à nouveau plus tard”, a indiqué M. Brown. Le patron de RAB Capital, Philip Richards, avait rejeté lors de l’AG une telle solution, affirmant qu’une nationalisation équivaudrait à une “mort lente” de Northern Rock, sous-entendant que le gouvernement chercherait sans doute à se débarrasser de ses actifs au plus offrant, afin de récupérer l’argent prêté par la BoE, plutôt qu’à relancer ses activités. Les investisseurs ont sanctionné lourdement en Bourse l’incertitude entourant l’avenir du groupe bancaire. Après avoir perdu jusqu’à 20% en cours de séance, l’action Northern Rock a clôturé sur une chute de 16,06% à 69,25 pence, dans un marché londonien en recul de 3,06%. |
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