La vice-présidente de la Banque mondiale pour la
Région Afrique, Obiageli Ezekwesili, engage avec les responsables japonais
le processus préparatoire à la quatrième Conférence internationale de Tokyo
sur le développement de l’Afrique (TICAD IV), qui se tiendra en mai prochain
à Yokohama.
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Au cours de la visite qu’elle a effectuée à Tokyo
du 12 au 14 décembre derniers, la vice-présidente de la Banque mondiale pour
la Région Afrique, Obiageli Ezekwesili, a eu toute une série d’entretiens
avec des responsables du gouvernement, de la société civile et des milieux
d’affaires. Elle a en outre saisi l’occasion d’un discours devant le club
des correspondants de presse étrangers pour faire un vibrant plaidoyer en
faveur de l’Afrique.
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Sur le dossier de l’Afrique et de son
développement, le Japon est destiné à être cette année le centre d’attention
de la communauté internationale. Il doit en effet accueillir en mai prochain
la quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de
l’Afrique (TICAD IV), où sont attendus plus de 40 chefs d’État africains. Et
il est appelé à présider en juillet le sommet que tiendront les pays du G8
au lac Toya, sur l’île d’Hokkaido.
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Pour que ces divers forums débouchent sur des
résultats concrets pour l’Afrique, il faut qu’une étroite collaboration
s’établisse entre le Japon, la Banque mondiale, le Programme des Nations
Unies pour le développement et les autres donateurs étrangers. Et si le
Japon est depuis longtemps un actif bailleur de fonds pour les projets de
développement en Afrique, cette visite de travail de Mme Ezekwesili, qui est
d’origine africaine et a occupé des fonctions ministérielles au Nigéria, a
manifestement reçu un écho particulier auprès des responsables et du public
japonais.
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« Le Japon est un acteur international très
important, stratégique à l’échelon mondial », a-t-elle déclaré dans son
discours devant les membres de la presse étrangère, prononcé dans une salle
comble. « Il a une énorme responsabilité, et je me réjouis au plus haut
point que le peuple et le gouvernement japonais reconnaissent qu’il ne faut
pas sous-estimer cette responsabilité vis-à -vis de l’Afrique. »
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Durant sa visite, la vice-présidente a souligné
que l’Afrique a franchi un tournant dans son processus de développement,
avec une croissance qui se maintient au dessus de 5 % dans bon nombre de
pays de la région, et qui progresse plus vite encore dans les économies qui
tirent un parti maximum de leurs vastes ressources naturelles. Mais elle a
mentionné un autre groupe de pays, situés pour la plupart au sud du Sahara,
dont le rythme de progression économique n’atteint même pas leur taux de
croissance démographique, et ajouté que c’est à leur niveau que les milieux
du développement doivent redoubler d’efforts.
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Coïncidant avec l’annonce de la contribution
japonaise à la reconstitution des ressources de l’Association internationale
de développement (IDA-15), cette visite s’inscrivait dans le cadre des
efforts stratégiques menés par la Banque pour susciter une prise de
conscience et un engagement accrus en faveur de l’Afrique. La conférence de
Tokyo est elle aussi censée insuffler une dynamique sur le dossier de l’aide
au développement de ce continent avant que les dirigeants des grands pays
industrialisés ne se retrouvent au prochain sommet du G8.
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Observant que la moitié environ des ressources de
l’IDA sont destinées à l’Afrique, Mme Ezekwesili a salué les extraordinaires
efforts consentis par le Japon pour maintenir son rang de troisième bailleur
de fonds de l’IDA par une substantielle contribution de 3,2 milliards de
dollars. Et en plaidant auprès de ses interlocuteurs pour qu’ils
maintiennent, et de façon encore plus déterminée, leur appui politique aux
pays africains, elle a aussi appelé le Japon à exploiter au maximum ses
compétences en matière d’infrastructure, d’éducation et de
télécommunications dans ses programmes au niveau du continent. Elle a décrit
à cet égard certains des succès remportés par la Banque elle-même en matière
d’éducation, de microfinance et d’infrastructure (citant en exemple le
projet de barrage financé par l’IDA à Bujagali, en Ouganda), mais souligné
dans le même temps que mettre fin à la corruption et établir de solides
institutions à l’appui des réformes en matière de gouvernance sont
essentiels pour l’avenir de l’Afrique.
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En l’espace de deux jours seulement, Mme
Ezekwesili a rencontré des responsables des horizons les plus divers. Parmi
ses interlocuteurs figuraient l’ancien premier ministre japonais Yoshiro
Mori, qui est une personnalité des plus influentes du Parti démocratique
libéral ainsi qu’un champion de la cause africaine au Japon et fondateur du
groupe d’amitié parlementaire Japon-Union africaine. Elle s’est également
entretenue avec les membres du corps diplomatique africain à Tokyo, qui lui
ont fait part à cette occasion de leur désir de voir la conférence TICAD-IV
déboucher sur un « véritable plan d’action ».
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Elle a également tenu des réunions bilatérales
avec des responsables des ministères japonais des Finances et des Affaires
étrangères, ainsi que des deux principaux organismes de développement
japonais, la JBIC (Banque japonaise pour la coopération internationale) et
la JICA (Agence japonaise de coopération internationale). Lors d’un petit
déjeuner de travail avec les membres japonais du Réseau parlementaire sur la
Banque mondiale (PnoWB), elle a en outre répondu aux préoccupations de
plusieurs parlementaires du pays sur la mise en œuvre du processus d’aide en
Afrique. Elle a par ailleurs rencontré le président de l’Organisation
japonaise du commerce extérieur (JETRO), ainsi que des représentants des
milieux d’affaires et de la société civile.
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Lors de tous ces entretiens, la vice-présidente a
cherché par ses propos à renforcer les efforts menés par la Banque pour
cimenter plus encore l’adhésion de l’opinion publique et des milieux
politiques japonais dans l’année primordiale qui vient. Mais sa visite est
sortie de l’ordinaire en ce sens qu’elle a fini par tracer la voie à suivre
et par faire un vibrant plaidoyer en faveur de l’Afrique.
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« L’Afrique dont je veux vous parler aujourd’hui
est une Afrique qui a montré, ces dix dernières années, qu’elle peut
soutenir la concurrence et s’intégrer au reste de l’économie mondiale »,
a-t-elle dit, « et qu’il n’existe rien qui la voue à jamais à l’échec. »
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L’ensemble de ses discussions était empreint d’un
optimisme et d’une passion pour l’avenir du continent qui ne pouvaient
échapper à personne. L’Afrique est en train de franchir un tournant : tel
était le message. Et le choix propice du moment auquel intervenait cette
visite est un élément qui n’aura pas non plus échappé aux membres clés des
milieux de l’aide au développement au Japon.
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