Poutine en Bulgarie : des contrats énergétiques dont la construction d’une centrale nucléaire

 
 
[18/01/2008 12:25:57] SOFIA (AFP)

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Le président russe Vladimir Poutine, et son homologue bulgare Guéorgui Parvanov, le 18 janvier 2008 à Sofia (Photo : Vladimir Rodionov)

De gros contrats en matière d’énergie, notamment nucléaire, ont été signés vendredi lors de la visite du président russe Vladimir Poutine en Bulgarie, pays qui souhaite profiter de sa position stratégique dans les Balkans sur fond de critiques quant à son éventuel rôle de “cheval de Troie” de l’influence russe dans la région.

Ainsi a été signé un énorme contrat de construction d’une centrale nucléaire à Béléné (nord), d’une valeur de quatre milliards d’euros.

Il s’agit de la première réalisation du groupe russe Atomstroyexport dans un pays de l’Union européenne (UE). Le consortium franco-allemand Areva/Siemens, sous-traitant d’Atomstroyexport, doit fournir les équipements de sécurité.

La centrale, qui doit démarrer en 2013, fonctionnera avec deux réacteurs à 1.000 MW chacun du type VVER à eau pressurisée et d’un nouveau modèle (V-466), qui n’a pas été installé jusqu’à présent en Europe.

Atomstroyexort l’utilise dans la construction en cours de deux centrales situées en Chine et en Inde, a précisé la Compagnie nationale d’électricité bulgare (NEC).

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Le président russe Vladimir Poutine, et son homologue bulgare Guéorgui Parvanov, le 18 janvier 2008 à Sofia (Photo : Vassil Donev)

Avec cette nouvelle centrale, la Bulgarie espère retrouver sa position de grand exportateur d’énergie, position perdue lors de la fermeture partielle fin 2006 de la centrale de Kozlodoui sur demande de l’UE, pour des raisons de sécurité.

Une percée inattendue est aussi intervenue quant à la participation bulgare au projet de gazoduc russo-italien South Stream, lors d’entretiens de dernière minute qui ont permis la signature d’un accord d’une valeur de 1,4 milliard d’euros. Selon Sofia, les conditions bulgares ont été acceptées in extremis par Moscou.

Ce gazoduc, depuis la Russie et sous la mer Noire, va jusqu’en Bulgarie, où deux routes, l’une au nord-ouest et l’autre au sud-ouest sont en projet. Il pourra livrer jusqu’à 30 milliards de mètres cube par an aux marchés européens.

“Il est important que les parties aient accepté un compromis. Ce projet reflète un équilibre des intérêts et permet une avancée sur ce sujet difficile”, a déclaré Dmitri Medvedev, successeur probable de Vladimir Poutine, cité par l’agence russe Ria Novosti, à l’issue d’une rencontre vendredi avec le Premier ministre bulgare, le socialiste Serguei Stanichev.

Par ailleurs, signature également d’un accord tripartite sur la création d’une compagnie conjointe pour le projet d’oléoduc Bourgas-Alexandropolis de transport de pétrole russe entre la mer Noire et la mer Egée.

La Bulgarie, la Russie et la Grèce avaient conclu en mars 2007 à Athènes l’accord pour la construction de cet oléoduc, qui traversera sur 150 km le territoire bulgare et dont 51% appartiendront à la partie russe.

Un accord de liaison ferry-train entre le port bulgare de Varna et le port russe du Kavkaz, un programme de coopération dans la culture, l’éducation et la science et un plan d’action dans le tourisme ont également été signés.

La visite de Vladimir Poutine a provoqué les premières manifestations contre un dirigeant russe en Bulgarie, traditionnellement liée à la Russie et ex-meilleur allié de Moscou du temps du bloc communiste est-européen.

L’opposition conservatrice et des ONG ont reproché au gouvernement bulgare de devenir “un cheval de Troie de la Russie au sein de l’Union européenne”. Toutefois, jeudi, ces manifestations avaient rassemblé à peine un millier de personnes.

“Par d’énormes investissements dans l’infrastructure énergétique, la Russie vise à rétablir son influence dans les anciens territoires de l’empire soviétique”, a estimé le politologue Ognian Mintchev, directeur de l’institut d’études régionales et internationales à Sofia.

“Le projet South Stream privera de sens le projet Nabucco”, favorisé par l’Union européenne et auquel la Bulgarie est aussi partie prenante, qui devait constituer une alternative des livraisons de gaz de l’Asie centrale vers l’Europe, a-t-il ajouté.

Pour sa part, le président bulgare Guéorgui Parvanov a assuré jeudi que grâce aux accords signés “la Bulgarie deviendra un facteur stratégique de développement de la politique énergétique européenne”. Pour lui, vouloir placer la Bulgarie devant un choix entre l’UE et la Russie est “un faux dilemme”.

 18/01/2008 12:25:57 – © 2008 AFP