[18/01/2008 19:10:37] SOFIA (AFP)
De gros contrats en matière d’énergie ont été signés vendredi à l’occasion de la visite de Vladimir Poutine en Bulgarie, pays qui souhaite profiter de sa position stratégique dans les Balkans, même si certains lui reprochent de devenir “un cheval de Troie de la Russie au sein de l’UE”. Ainsi a été signé un énorme contrat de construction d’une centrale nucléaire à Béléné (nord), d’une valeur de quatre milliards d’euros, et un accord sur la participation bulgare à l’ambitieux projet de gazoduc russo-italien South Stream. “La Bulgarie devient un des maillons-clés dans la chaîne énergétique européenne”, a affirmé le président russe, au cours d’une conférence de presse, ajoutant que South Stream permettrait d'”assurer des livraisons croissantes aux consommateurs européens”. Ce gazoduc, à partir de la Russie et sous la Mer Noire, va jusqu’en Bulgarie, où deux itinéraires, l’un au nord-ouest et l’autre au sud-ouest, sont en projet. Il pourra livrer jusqu’à 30 milliards de mètres cubes par an en Europe centrale et du sud. “Ce projet est d’autant plus important qu’il permettra de relier directement les réseaux de transport du gaz de la Russie à ceux de l’Union européenne”, a souligné pour sa part le patron de Gazprom, Alexeï Miller, devant la presse. Des négociations pour rallier la Serbie voisine à ce projet sont “en train d’être achevées”, a-t-il dit à l’AFP. L’accord russo-bulgare, d’une valeur de 1,4 milliard d’euros, marque une percée inattendue dans de difficiles négociations entre les deux pays qui contrôleront chacun à hauteur de 50% le tronçon bulgare du gazoduc. Selon Sofia, les conditions bulgares ont été acceptées in extremis par Moscou.
“J’apprécie que la partie russe ait accepté la proposition bulgare sur le problème de la propriété” du gazoduc, a réagi le président bulgare Guéorgui Parvanov. Autre important succès, un contrat sur la construction de la centrale de Béléné, première réalisation du groupe russe Atomstroyexport dans un pays de l’Union européenne, qui doit aboutir en 2013. Avec cette nouvelle centrale, qui comprendra deux réacteurs de 1.000 MW chacun, la Bulgarie espère retrouver sa position de grand exportateur d’énergie, position perdue au moment de la fermeture partielle fin 2006 de la centrale de Kozlodoui sur demande de l’UE, pour des raisons de sécurité. Par ailleurs, un accord tripartite a été signé sur la création d’une société commune pour le projet d’oléoduc Bourgas-Alexandropolis de transport de pétrole russe entre la Mer Noire et la mer Egée. La Bulgarie, la Russie et la Grèce avaient conclu en mars 2007 à Athènes l’accord sur la construction de cet oléoduc, qui traversera sur 150 km le territoire bulgare et dont 51% appartiendront à la partie russe. Un accord de liaison ferry-train entre le port bulgare de Varna et le port russe de Kavkaz, un programme de coopération dans la culture, l’éducation et la science et un plan d’action dans le tourisme ont également été signés. La visite de Vladimir Poutine a provoqué les premières manifestations contre un dirigeant russe en Bulgarie, traditionnellement liée à la Russie et ancien meilleur allié de Moscou du temps du bloc communiste. L’opposition conservatrice et des ONG ont reproché au gouvernement bulgare de devenir “un cheval de Troie de la Russie au sein de l’UE”. Toutefois, jeudi, ces manifestations avaient rassemblé à peine un millier de personnes. “Par d’énormes investissements dans l’infrastructure énergétique, la Russie vise à rétablir son influence dans les anciens territoires de l’empire soviétique”, a commenté un politologue bulgare, Ognian Mintchev. “South Stream privera de sens le projet Nabucco”, un gazoduc concurrent soutenu par l’Union européenne et auquel la Bulgarie participe également, a-t-il dit. |
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