Le gouvernement britannique propose un plan pour sortir Northern Rock de l’ornière

 
 
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Le siège de Northern Rock dans le centre de Londres, le 19 novembre 2007 (Photo : Edmond Terakopian)

[21/01/2008 12:21:26] LONDRES (AFP) Le ministère britannique des Finances a dévoilé lundi un plan en vue de faciliter une reprise de la banque en crise Northern Rock par un groupe privé, qui permettrait d’éviter une nationalisation potentiellement catastrophique pour les actionnaires et désastreuse pour l’image du gouvernement.

La solution, imaginée par la banque d’affaires Goldman Sachs à la demande du gouvernement, consiste à ce que Northern Rock émette des emprunts obligataires, qui seraient adossés sur certains de ses actifs, comme son vaste portefeuille de crédits hypothécaires.

Selon le ministère, l’argent frais récupéré permettrait de rembourser l’intégralité des sommes que la banque de Newcastle (nord-est) doit à la Banque d’Angleterre, et qui s’élèvent selon les chiffres généralement cités mais jamais confirmés, à quelque 26 milliards de livres, soit près de 35 milliards d’euros.

La banque spécialisée dans les prêts immobiliers, qui avait connu une ascension fulgurante depuis son entrée en Bourse en 1997, jusqu’à se hisser parmi les dix premiers établissements bancaires du Royaume-Uni, a plongé dans la tourmente en septembre, lorsqu’elle a frôlé la faillite dans le sillage de la crise des prêts hypothécaires risqués (“subprimes”) aux Etats-Unis.

La banque survit depuis grâce à la double protection de la Banque d’Angleterre (BoE) et du Trésor britannique, qui lui a apporté sa garantie et a promis à ses épargnants de les rembourser en cas de banqueroute.

Face à cette crise, la direction de la banque et le gouvernement sont engagés dans une course contre la montre pour trouver un repreneur capable de sauver l’entreprise et de rembourser l’argent qu’elle doit à la BoE.

Deux groupes privés se sont mis sur les rangs, le conglomérat Virgin du milliardaire Richard Branson et la société d’investissement Olivant, dirigée par un ancien patron de la banque Abbey, Luqman Arnold.

Mais ces dernières semaines, l’aggravation de la situation sur les marchés financiers a fait craindre qu’ils ne parviennent pas à financer leurs offres de reprise, ce qui ne laisserait alors au gouvernement guère d’autre choix que de nationaliser Northern Rock.

Dans un communiqué, le ministère des Finances a donné deux semaines à Virgin et à Olivant pour finaliser leurs offres, sur la base du plan qu’il a présenté ce lundi.

Northern Rock a salué ce plan, tandis que le patron de Virgin Richard Branson, qui accompagne en ce moment le Premier ministre Gordon Brown dans un voyage officiel en Asie, a assuré depuis New Delhi que cette solution lui paraissait “viable”.

Cependant, le Trésor a confirmé que si aucune proposition de reprise satisfaisante ne se concrétisait, le gouvernement déposerait un projet de loi l’autorisant à nationaliser la banque.

Il a prévenu que les actionnaires de Northern Rock pourraient subir alors d’importantes pertes, car ils ne recevraient que des indemnisations d’un montant ne représentant qu’une fraction de la valeur actuelle de leurs titres.

Le gouvernement a toutefois répété qu’il n’aurait recours à une telle solution que de manière transitoire, en vue d’un retour ultérieur de la banque dans le secteur privé. D’autant que cette éventualité est vivement critiquée par l’opposition, qui y voit une opération financièrement très risquée pour l’Etat et donc pour les contribuables.

A la Bourse de Londres, l’annonce du plan du Trésor a fait rebondir le cours de Northern Rock en éloignant le spectre d’une telle nationalisation au détriment des actionnaires. Vers 11H40 GMT, l’action du groupe s’envolait de 33,33% à 86 pence, alors même que les principales places boursières enregistraient des pertes importantes.

 21/01/2008 12:21:26 – © 2008 AFP