[21/01/2008 13:47:53] BRUXELLES (AFP) Les partenaires européens de la France ont accueilli plutôt froidement lundi la proposition de Nicolas Sarkozy d’assouplir le système de quotas de pêche dans l’UE, au moment où les scientifiques ne cessent de s’inquiéter de la raréfaction de nombreux poissons. Le chef de l’Etat français a jeté un pavé dans la mer ce week-end en annonçant devant des marins-pêcheurs qu’il profiterait de la présidence française de l’UE, au deuxième semestre, pour faire des propositions en ce sens. Objectif: remettre à plat le mode de gestion des quotas, pierre angulaire de la politique commune de la pêche dans l’UE, mais jugés souvent trop restrictifs par les professionnels du secteur. M. Sarkozy a notamment souhaité “une réponse plus souple sur les quotas” à partir du moment “où tout le monde dit que la ressource est revenue”. Lundi à Bruxelles, le ministre français de l’Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, s’est employé à déminer le terrain, avant une réunion de deux jours avec ses collègues européens, en affirmant qu’il n’était nullement question d’abandonner les quotas. “On peut remettre à la plat la méthode, mais sûrement pas” remettre en cause “les quotas, dont on a besoin”, a-t-il affirmé devant des journalistes. M. Barnier a plaidé pour des quotas sur trois ans, et non plus sur une seule année, pour donner plus de visibilité aux pêcheurs, dont les avis sur l’état des réserves de poissons en mer devraient selon lui être davantage pris en compte pour le calcul des quotas, en les confrontant avec ceux des scientifiques. Actuellement, la Commission européenne base pour l’essentiel ses propositions de quotas – systématiquement revus en hausse au bout du compte par les Etats membres- sur les avis d’experts scientifiques, qui s’inquiètent depuis des années du risque de disparition d’espèces surpêchées, comme le cabillaud. Globalement, les propositions de la France ont été accueillies sans enthousiasme par la Commission européenne et les autres pays de l’UE. La porte-parole chargée des questions de pêche à la Commission, Mireille Tom, a indiqué en avoir “pris note”, mais souligné que “les quotas sont essentiels dans la gestion de la pêche”, car “ils limitent les captures afin de permettre le renouvellement naturel des stocks de poissons”. La présidence slovène de l’UE, par la voix de son ministre de la Pêche Iztok Jarc, a rappelé que “l’objectif (de l’UE) est d’avoir une activité de pêche durable et les quotas sont l’un des instruments dont nous avons besoin” pour y parvenir. Plusieurs autres ministres, espagnol, portugais et allemand notamment, ont abondé dans ce sens. Le ministre portugais de la Pêche, Jaime Silva, a insisté sur le fait que l’UE “devrait toujours continuer à se baser sur les avis des scientifiques” pour fixer des limites de pêche. Et son homologue allemand Horst Seehofer a mis en garde contre une remise en cause générale du système. “A terme, ne pas avoir de quotas ne sert pas les pêcheurs si dans le même temps, ils n’ont plus de poissons”, a-t-il dit. “Nous ne pouvons pas placer les intérêts économiques au-dessus de tous les autres intérêts”, a ajouté le ministre allemand, tout en se disant prêt à “discuter” de l’idée de quotas pluri-annuels. Un diplomate européen s’est étonné de voir la France lancer un tel débat sans attendre de prendre la présidence de l’UE en juillet. Mais M. Barnier a réfuté l’idée selon laquelle son pays ferait de l’ombre à l’actuelle présidence slovène de l’UE. “J’ai surtout le souci de respecter cette présidence, qui est très active, que nous devons accompagner, qui doit réussir”, a-t-il dit. |
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