[21/01/2008 21:09:54] PARIS, 21 jan 2008 (AFP)
La crise boursière s’est amplifiée lundi sur toutes les places mondiales dans la crainte de nouvelles pertes gigantesques pour le secteur financier et sous l’effet de la déception suscitée par le plan de relance annoncé par George W. Bush. Les Bourses d’Europe ont plongé, subissant pour les principales leur plus forte baisse en une séance depuis le 11 septembre 2001. Londres a cédé 5,48%, Francfort 7,16%, Paris 6,83%, Madrid 7,54%, Milan 5,17% et la Bourse suisse 5,26%. “C’est vraiment le +sell-off+”, mouvement brutal de vente, a souligné Ronald Petitjean, gérant de Sarasin Expertise. Les marchés américains étaient fermés lundi, jour férié, ce qui aurait dû modérer les volumes dans le reste du monde. Mais le montant des transactions a été au contraire très élevé, signe d’une grande nervosité.
Les Bourses d’Amérique du Sud ont ainsi elles aussi plongé. A Sao Paulo, principale place boursière de la région, l’indice Ibovespa a cédé 6,6%. Buenos Aires a perdu 6,27%, Santiago 4,91% et Bogota 7,65%. Les Bourses d’Asie avaient lancé le mouvement, avec des chutes impressionnantes: 3,86% à Tokyo, 5,14% à Shanghai, 5,49% à Hong Kong, ou encore 2,95% à Séoul. Bombay, qui le 8 janvier battait son record absolu, a chuté de 7,41%. L’inquiétude concerne à la fois la santé des banques à travers le monde à la lumière de la crise des crédits hypothécaires américains mais aussi les conséquences sur la croissance économique américaine et mondiale. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a semblé accréditer la thèse d’une large propagation de la récession américaine en affirmant que la crise financière en cours était “sérieuse” et qu’elle pouvait affecter les pays émergents. “La situation est une situation qui est sérieuse (…) tous les pays du monde souffrent du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, enfin tous les pays développés”, a-t-il dit à la presse à l’issue d’un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy. “Il n’est pas impossible que, même sur les pays émergents, ça ait un certain effet, que la croissance soit moins forte que celle qui était prévue”, a-t-il ajouté. Les investisseurs se sont montrés sceptiques face à l’annonce vendredi par le président américain George W. Bush d’un plan de relance de plus de 140 milliards de dollars qui n’a toutefois pas été détaillé. “Il y a une déception, puisque le plan ne s’adresse pas aux risques financiers. C’est un plan classique de relance par la consommation”, a affirmé à l’AFP Jean-Louis Mourier, économiste pour la maison de courtage française Aurel. “Les Bourses n’ont pas apprécié, semble-t-il, le paquet proposé par le président Bush”, a renchéri M. Strauss-Kahn. A Bruxelles, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaire Joaquin Almunia a noté que “les marchés (semblent) envisager la possibilité d’un ralentissement plus prononcé” qu’attendu de la croissance aux Etats-Unis, “peut-être même une récession”. “J’espère qu’ils vont aussi prêter attention aux informations sur l’économie réelle, en particulier en Europe, et qu’ils vont retrouver leur calme”, a-t-il ajouté, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Pendant que le pessimisme gagne les marchés sur le plan économique, les mauvaises nouvelles continuent de tomber concernant le secteur financier. Après beaucoup d’autres, la banque allemande WestLB a annoncé lundi une perte nette de 1 milliard d’euros en 2007. La Bourse est aussi préoccupée par la situation des “rehausseurs de crédit”, ces sociétés dont le métier est d’assurer les émetteurs d’obligations qui ne peuvent fournir toutes les garanties possibles aux marchés financiers. Le plus important d’entre eux, l’américain Ambac, a annoncé mercredi qu’il allait lever plus d’un milliard de dollars auprès d’investisseurs, avant de renoncer vendredi à cette recapitalisation, citant notamment les “conditions de marché actuelles”. |
||||
|