[22/01/2008 08:59:51] PARIS (AFP) La ministre de l’Economie Christine Lagarde a estimé mardi que le président des Etats-Unis George W. Bush allait devoir “aller plus loin” dans son plan de relance en expliquant “comment” il allait injecter les milliards de dollars annoncés dans l’économie américaine. “Je crois qu’il va falloir qu’il aille plus loin en expliquant précisément comment ces milliards de dollars vont être injectés dans l’économie américaine”, a-t-elle commenté sur Europe 1. “Pour l’instant, c’est assez vague”, a-t-elle estimé, ajoutant: “il faut qu’on comprenne dans quels canaux ça va passer”, “où ça va aller et à quelle vitesse”, a-t-elle insisté. Mme Lagarde a souligné que ce plan représente “1% du produit intérieur brut” américain. George W. Bush a annoncé vendredi un plan de stimulation de la consommation aux Etats-Unis de 140 milliards de dollars, qui a déçu les marchés financiers, lesquels ont enregistré lundi de très fortes chutes, certains connaissant la plus forte baisse sur une séance depuis le 11 septembre 2001. La ministre a estimé que la “purge” qui sévit actuellement, “en particulier dans le domaine financier américain, et dont les acteurs ont commencé à bien prendre conscience en publiant leurs provisions”, lui semble “un mouvement sain et salubre”. Mais il faut d’après elle “éviter les mots spectres, les mots angoisse”, comme celui de krach qu’elle s’est refusé à prononcer. Pour qualifier le plongeon des marchés boursiers en Asie et en Europe, elle a préféré parler de “correction brutale”. “Il ne faut pas se fier à ce qui se passe pendant deux-trois jours, il faut regarder le long terme”, a assuré la ministre en soulignant que sur cinq ans, la Bourse de Paris avait augmenté de 57%. Interrogée sur les possibles risques de contagion d’une récession américaine à l’Europe, elle a répondu que “l’économie européenne, en particulier au sein de l’Eurogroupe, est fondamentalement différente de l’économie américaine”. En particulier, le chômage augmente aux Etats-Unis alors qu’en Europe il diminue, et que la croissance américaine “baisse de manière significative, certains craignant même une récession”, tandis qu’en Europe on observe “un taux de croissance qui tourne autour de 2% et certainement pas la menace d’une récession”. Par ailleurs, la ministre a souligné que France dépendait “à 60% de la zone européenne et à 8% seulement des Etats-Unis” pour ses échanges commerciaux et qu’en cas de récession outre-Atlantique, c’est seulement ces 8% qui seraient affectés, ce qu’elle juge “pas tragique en soi”. Elle a également fait valoir que les grands pays émergents, “indépendamment des tendances boursières, connaissent des taux croissance extrêmement élevés”. “Je ne vois pas de spectre redoutable ni sur le moyen ni sur le long terme”, a-t-elle conclu. Mme Lagarde a jugé aussi que les “banques françaises sont solides”, même si elle a aussi appelé les banques européennes à publier “de manière rapide et en transparence l’ensemble des provisions qu’elles jugent nécessaire de prendre”, afin de “dissiper les doutes” et de restaurer la confiance des investisseurs. Sur BFM TV, le secrétaire d’Etat à la Prospective, Eric Besson, a de son côté estimé que les fondamentaux de la croissance française risquaient d’être “un peu” touchés par cette crise, de “l’ordre de 0,1-0,2%” du produit intérieur brut. “Christine Lagarde a dit plutôt proche de 2,25% (de croissance en France en 2008), ça pourrait être à 2%, a-t-il dit. |
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