Le marché du vélo dopé par la hausse du pétrole et le Vélib’

 
 
[22/01/2008 09:31:32] PARIS (AFP)

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Des cyclistes se rendent sur leur lieu de travail pendant la grève des transports en commun, le 15 novembre 2007 à Paris (Photo : Joël Saget)

La filière du cycle se porte bien en France, dopée notamment par le pétrole cher et la mise en place de vélos en location dans les grandes villes, mais cette embellie profite peu aux fabricants français.

Le marché est porteur, la France est le quatrième pays pour l’achat de vélos par habitant (5,7 pour 100 habitants en 2006) derrière le Japon, les Pays-Bas et les Etats-Unis, mais devant la Chine et l’Inde, selon le Conseil national des professions du cycle.

En 2006, le secteur (cycles et équipements) a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros, et plus de 3,5 millions de vélos ont été vendus. “Malgré un léger tassement en 2006, la courbe des ventes est tout à fait ascendante (+20% en cinq ans)”, constate Didier Huré, délégué général du Conseil.

“Le prix du baril de pétrole et une sensibilité accrue à l’environnement constituent des arguments solides pour le développement de la pratique du vélo”, résume Philippe Dourcy, directeur de la communication de Décathlon, premier distributeur en France avec sa marque B’Twin.

Les grandes surfaces spécialisées font une véritable percée et vendent désormais près d’un vélo sur deux (48%), au détriment de la grande distribution, qui a vu sa part de marché passer de 65 à 28% en dix ans.

Signe des temps, le BHV a inauguré en décembre à Paris une boutique dédiée à la petite reine. “Depuis son ouverture, le BHV Vélos est sur une croissance à deux chiffres, dopée par le phénomène Vélib'” notamment, explique Philippe Roch, responsable du magasin.

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Un cycliste sur un Vélib’ et une personne à rollers dans les rues de Paris, le 18 octobre 2007 (Photo : Joël Saget)

Même constat chez Décathlon. “Louer un Vélib’ fait découvrir les joies du pédalage urbain, mais il y a de nombreux inconvénients (stations vides ou bondées, système en panne)”, indique Marc, vendeur dans un des magasins parisiens de l’enseigne: “Du coup, depuis leur mise en place” en juillet, “nos ventes sont en nette hausse”.

Selon lui, près d’un acheteur sur deux est un ancien adepte du Vélib’, et les ventes d’équipements (casques, gants) sont elles aussi en forte augmentation.

Les industriels français, concurrencés par les pays asiatiques (Chine, Malaisie, Indonésie), profitent toutefois peu de cette embellie.

La production française a fortement reculé ces dernières années pour tomber en 2006 à 1,28 million d’unités, et la part de marché des constructeurs nationaux (Décathlon, Cycleurope, Quantum, Planet’sun, Intercycles, Lapierre) est passée de 56% en 2001 à 32,5% en 2006.

Néanmoins, après avoir progressé de 20% entre 2004 et 2005, les importations se sont tassées en 2006 (2,1 millions contre 2,5).

“L’industrie française du cycle va survivre en restant concentrée sur le moyen et haut de gamme”, affirme M. Huré.

“Nous sommes en avance d’un point de vue technologique, en particulier sur les matériaux carbone”, dit-il. Il explique aussi que faire fabriquer en Asie présente deux inconvénients: “le coût du transport car le vélo est un objet volumineux” et donc une mauvaise image sur le plan de l’environnement.

Ainsi Décathlon a annoncé en juin l’ouverture en 2009 d’une usine à Lille, où seront assemblés 70.000 vélos par an, puis 150.000 à partir de 2014.

“Cela nous permettra d’innover en toute confidentialité et de pouvoir livrer rapidement nos magasins”, dit M. Dourcy. Selon lui, “l’envolée régulière du baril de pétrole et ses répercussions sur le transport aérien compenseront le surcoût de production”.

 22/01/2008 09:31:32 – © 2008 AFP