[22/01/2008 11:14:56] PEKIN (AFP) La Chine devrait annoncer jeudi une croissance économique encore supérieure à 11% en 2007, qui pourrait être la plus rapide depuis treize ans, selon les analystes. “Le produit intérieur brut a probablement crû de 11,4%, la croissance la plus rapide depuis une décennie, grâce à des investissements dynamiques et un excédent commercial exceptionnel”, estime Wang Tao, de Bank of America. Goldman Sachs s’attend à ce que le PIB ait progressé de 11,6%, tandis que Lehman Brothers prévoit une croissance 11,3%. En 2006, il avait progressé de 11,1%. 2007 représentera donc la cinquième année consécutive de croissance à deux chiffres, qui devrait aussi être la plus forte depuis un impressionnant 13,1% en 1994, et devrait le rester, puisque les analystes tablent sur un ralentissement, seulement modéré, cette année. Ce rythme a permis à l’économie du géant asiatique de talonner encore un peu plus l’Allemagne, sans forcément encore la dépasser, une fois les chiffres des PIB respectifs des deux pays convertis en une même monnaie. En cause, l’euro fort: “Le taux de change déforme la réalité en faveur de l’Allemagne”, indique-t-on à l’institut de recherche allemand DIW. “Certains éléments montrent que l’Allemagne est encore plus forte. Mais c’est juste une question de temps” pour que la Chine ravisse à celle-ci sa place de troisième économie de la planète, souligne un porte-parole du bancassureur allemand Allianz, auteur d’une récente étude sur la Chine. “Je suis sûr que le PIB de la Chine dépassera celui de l’Allemagne en 2008”, prédit de son côté Feng Yuming, économiste d’Oriental Securities à Shanghai. Plusieurs éléments expliquent le bond de la Chine ces dernières années dans l’ordre des économies de la planète: un commerce florissant (en excédent de 262,2 milliards de dollars en 2007), des investissements en capital fixe forts, des investissements directs étrangers (près de 83 milliards de dollars en 2007) qui confirment sa place de destination favorite.
Depuis deux ans, un nouveau facteur s’est greffé: le développement spectaculaire des marchés financiers. En 2007, la capitalisation boursière a atteint 130% du PIB alors qu’elle en représentait moins de 10% en 2005. Le PIB de la Chine lui-même représente désormais le tiers du PIB de l’Asie. Mais cette croissance est liée à l’intégration de la Chine dans le système mondial et cette interdépendance fragilise son économie. La tempête boursière mondiale a mis en évidence le phénomène: la Bourse de Shanghai, à l’instar des autres bourses asiatiques, a vécu deux journées noires lundi et mardi de peur d’une récession aux Etats-Unis. Et tandis que le pays a vu l’inflation grimper en 2007 en raison des hausses des cours mondiaux de pétrole ou des céréales, certaines banques chinoises ont découvert leur exposition aux crédits immobiliers à risques américains. Selon des médias, Bank of China, la deuxième banque de Chine, pourrait ainsi enregistrer des bénéfices 2007 en baisse, voire des pertes, à cause de cette crise du “subprime”. Certains économistes chinois tempèrent toutefois l’impact que pourrait avoir une éventuelle récession mondiale sur le géant asiatique, qui ferait chuter ses exportations. “Une forte demande interne, notamment la croissance des investissements, devrait soutenir la croissance globale du PIB”, estime Wang Tao. Le gouvernement ne se montre pas inquiet. Pour lui, la priorité 2008 est de lutter contre l’inflation et de maîtriser la liquidité excessive. Pourtant “le moment est mal choisi pour pratiquer le ciblage de l’inflation” à cause des fortes pressions inflationnistes dans le monde, relève Hu Yifan, de Natixis. Qui plus est, “la Chine pourrait tirer parti d’une inflation modérée” qui contribuerait à “une redistribution des richesses”, ajoute-t-il. |
||||
|