[22/01/2008 13:40:13] BRUXELLES (AFP) Les gouvernements européens ont ouvertement exprimé leurs doutes mardi sur l’efficacité du plan de relance du président George W. Bush et sa capacité à éviter une récession économique aux Etats-Unis, alors que les Bourses continuent de chuter. La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a estimé que le président Bush allait devoir “aller plus loin” en expliquant “comment” il allait injecter les milliards de dollars annoncés dans l’économie américaine. “Pour l’instant c’est assez vague”, a-t-elle estimé sur la radio française Europe 1, ajoutant: “Il faut qu’on comprenne dans quels canaux ça va passer.” Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a appelé mardi les Etats-Unis à réduire leurs déficits, celui du budget et celui des comptes courants, estimant qu’ils étaient la cause “principale” de la crise financière actuelle. “On ne parle pas d’une récession mondiale. On parle du risque d’une récession américaine”, avait-il auparavant affirmé.
“La question est de savoir comment les Etats-Unis vont éviter une récession. Les autorités américaines ont annoncé des mesures”, a relevé M. Almunia, “j’espère qu’ils vont être capables d’éviter une récession”. Mardi, les Bourses européennes continuaient à reculer, dans le sillage des places asiatiques, mais moins fortement que la veille où elles ont connu un lundi noir avec leurs plus fortes baisses en une journée depuis le 11 septembre 2001. En cause: les craintes d’un ralentissement économique américain prononcé. Les investisseurs restent sceptiques après l’annonce vendredi par le président Bush d’un plan de relance de plus de 140 milliards de dollars, sous formes d’allègements fiscaux. Encore imprécis, ce plan cherche à relancer la demande mais ne s’adresse pas aux risques financiers, à l’origine de la crise des prêts hypothécaires à risques aux Etats-Unis, soulignent nombre d’économistes. Au plus haut niveau, les critiques ont commencé à se multiplier contre la politique économique américaine, qui n’a pas su enrayer la crise. Dès lundi, le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva a pressé les Etats-Unis de prendre leurs responsabilités en évitant une propagation de la crise financière à l’Amérique latine et à l’Afrique. En Europe, le discours est peu éloigné. “Tout le monde est inquiet et surtout se pose des questions sur ce qui va se passer aux Etats-Unis, en se demandant si les interventions du gouvernement seront ou non efficaces”, a dit mardi le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le Français Dominique Strauss-Kahn a même jugé lundi que les Bourses n’avaient “pas apprécié” le plan de relance Bush. “Dans une certaine mesure, c’était un peu prévisible mais le président Bush a voulu tenter cette solution-là”, a ajouté l’ancien ministre des Finances français, dans un coup de canif inhabituel pour un dirigeant du FMI à l’égard des Etats-Unis. Mardi, il était à Bruxelles pour rencontrer les ministres européens. En Europe même, les dirigeants n’envisagent pas de plan de relance similaire à celui des Etats-Unis, en arguant de fondamentaux économiques plus solides. Mais des appels en ce sens commencent à se faire entendre. “La zone euro doit se protéger contre les risques de récession”, ont affirmé les députés européens socialistes dans un communiqué mardi. “L’Union a besoin d’une réaction coordonnée des ministres des Finances de la zone euro pour relancer la demande intérieure”, a ajouté la présidente socialiste de la commission des affaires économiques du parlement, Pervenche Béres. |
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