Pour stopper la chute des Bourses, la Fed baisse en urgence son taux à 3,50%

 
 
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La Réserve fédérale américaine à Washington, le 18 janvier 2008 (Photo : Saul Loeb)

[22/01/2008 18:10:10] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine (Fed) a tenté mardi de stopper en urgence la chute des Bourses mondiales, paniquées par les perspectives d’une récession aux Etats-Unis, en baissant drastiquement son taux directeur pour le ramener à 3,50%.

La Fed a d’un seul coup baissé son taux de trois-quarts de point, ce qui est du jamais vu depuis la mise en place du système des taux actuel, au début des années 1990. La banque centrale a aussi abaissé dans les mêmes proportions son taux d’escompte, utilisé dans les situations d’urgence, à 4%.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed a indiqué avoir pris sa décision “à la lumière de l’affaiblissement des perspectives économiques et des risques accrus pesant sur la croissance”.

Mais en fait “cette baisse des taux imprévue a sans doute été motivée par la chute des bourses mondiales”, note Marie-Pierre Ripert de Natixis.

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Evolution des taux de la FED et de la BCE de 2004 à 2008 (Photo : Sophie Ramis)

Il n’est pas sûr que le plan ait entièrement fonctionné: à la Bourse de New York, l’indice Dow Jones restait en forte baisse mardi à mi-séance.

Inquiets des perspectives de récession aux Etats-Unis et déçus par le plan de relance de 140 à 150 milliards de dollars du président George W. Bush, les Bourses ont en effet subi une nette correction depuis lundi.

Cette panique sur les marchés financiers a forcé les responsables économiques à monter au créneau plus vite que prévu.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a indiqué mardi qu’il était en contact étroit avec ses homologues étrangers pour suivre ce qu’il a qualifié de “correction boursière”.

M. Paulson, qui n’ira pas au Forum économique mondial de Davos (Suisse) cette semaine, pour travailler au plan de relance proposé de l’administration républicaine, a aussi jugé qu’il était nécessaire “de prendre davantage de mesures en faveur du secteur immobilier”.

La Maison Blanche a pour sa part laissé entendre mardi qu’elle n’était pas figée sur le montant du plan de relance. Assurant qu’elle ne prévoyait pas de récession aux Etats-Unis, la présidence américaine a dit ne “fermer aucune porte” quant à la taille et au contenu du plan.

“M. Bush croit qu’environ 1% du PIB produira cet effet”, a dit la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, faisant référence au souci du président d’éviter la récession.

“Beaucoup de détails devront être réglés” avec le Congrès, “y compris la taille globale” de l’ensemble de mesures, a-t-elle ajouté.

La Fed a elle aussi dû accélérer son calendrier, alors que sa prochaine réunion était prévue pour les 29 et 30 janvier. Ses responsables ont pris leur décision lundi soir, lors d’une conférence téléphonique d’une heure, entre 18H00 et 19H00 (entre 23H00 et 24H00 GMT), selon un porte-parole.

“La bonne nouvelle est que la Fed dit aux marchés qu’elle est sur le pont quand il y a un risque de voir l’instabilité des marchés financiers frapper l’économie mondiale”, a estimé Avery Shenfeld, de CIBC World Markets.

“La mauvaise nouvelle est que la confiance s’est tellement détériorée que la Fed n’a pas pu attendre sa réunion de la semaine prochaine”, a-t-il ajouté.

La question que se pose les investisseurs à présent est de savoir si les autres banques centrales emboîteront le pas à la Fed. Mardi matin, seule la Banque du Canada – pays dont l’économie est imbriquée avec celles des Etats-Unis – avait suivi en abaissant d’un quart de point son taux directeur, pour le ramener à 4%.

 22/01/2008 18:10:10 – © 2008 AFP